10 Novembre 2012 - 11h30 • 3001 vues

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Il pleuvait ce matin aux Sables d’Olonne. Comme si la ville, trop émue, pleurait ses marins qui partent pour trois mois en mer. Trois mois en solitaire, loin de leurs familles, de leurs équipes, amis et supporters. L’heure était donc aux au-revoir sur le ponton de Port-Olona.

A 20 minutes de la première sortie de bateau, le ponton était bien calme et silencieux comparé aux allées du village, agitées par les spectateurs et le speaker. Familles et teams étaient aux côtés de leur concurrent respectif, calmes et tranquilles dans une émotion palpable. C’est déjà le moment des dernières embrassades et accolades. Soudain, les premiers applaudissements se font entendre à l’autre bout du ponton. Il est 9h30, c’est l’heure du premier départ.

Bernard Stamm est le premier à partir. L’œil rieur et son célèbre sourire aux coins des lèvres, le skipper de Cheminées Poujoulat quitte le ponton et s’engouffre dans le chenal sous un tonnerre d’encouragements. Des « Allez Cali ! » retentissent alors, à quelques mètres de là. Arnaud Boissières se prépare à larguer les amarres à son tour sans oublier sa bouteille de champagne, « pour le Cap Horn ». C’est ensuite au tour de Louis Burton, le jeune papa et benjamin de la course (27 ans), de mettre les voiles. Visiblement très ému, il met le cap vers la sortie du port accompagné du parrain de son bateau, le pilote de F1 Romain Grosjean.

Suivent les départs de Marc Guillemot sur Safran et de Mike Golding sur Gamesa, accompagné de nombreux « Go Mike » de la part de ses compatriotes britanniques. Jérémie Beyou et son Maître CoQ sont les suivants. Une corne de brume se fait encore entendre, au loin. François Gabart les suit de près à bord de Macif, emmené par une horde de « Bravo ! », les bras levés en signe de victoire. Pendant que Bertrand de Broc donne ses dernières interviews, Kito de Pavant est à son tour sur le départ. Souriant et le regard plus pétillant que jamais, le Méditerranéen envoie des baisers avant de lancer un joyeux « A très bientôt ! ». Mais pas trop tôt quand même… Vient maintenant l’heure du départ de Vincent Riou. Le skipper de PRB, seul ancien vainqueur en lice, reste fidèle à sa sobriété légendaire. Une dernière photo d’équipe sur le pont, un « Salut ! » à la cantonade et c’est parti, la bouteille de champagne à la main. Alors que le soleil tente une légère percée, ça s’active sur Virbac-Paprec 3. Jean-Pierre Dick, le dernier skipper du côté nord du ponton, prend le temps d’une série de poignées de mains à la foule qui l’acclame. Une fois les amarres larguées, le Niçois continue de saluer le public tout le long du ponton, pendant que Javier Sansó s’apprête à débuter la seconde phase de départs

On repart à l’autre extrémité du ponton pour le reste des skippers, à commencer par le seul Espagnol en course. Le skipper d’ACCIONA 100% EcoPowered s’éloigne seul, sans son fidèle compagnon Botox, sous les « Bubi ! Bubi ! », tandis que la pluie reprend de plus belle. La sortie de Bertrand de Broc crée, sous une pluie battante, la première montée d’adrénaline de ce Vendée Globe 2012-2013. Deux brusques rafales de vent poussent Votre Nom autour du Monde vers le bateau ENERGA, dont il est séparé par un ponton transversal.  Pas de collision mais l’outrigger bâbord du Breton reste accroché à un poteau, provoquant quelques cris du public. Alors que la pluie cesse, Gutek peut emboîter le pas à son « voisin ». Parti en trombe, pied au plancher, il laisse place à Jean Le Cam, toujours garni capillairement, et à Alessandro Di Benedetto, tous deux encouragés par un bouquet de pouces levés auxquels ils répondent par de grands signes d’au-revoir. Alex Thomson et son HUGO BOSS enchaînent, et si le skipper a laissé son costume au placard, son bateau n’a rien perdu de sa splendeur. Malgré la grisaille, le monocoque argenté illumine Port Olona, accompagné du klaxon du yacht Hugo Boss amarré à côté.

Le ponton est presque vide. Reste encore Samantha Davies, la seule femme du plateau, qui prend la pose sur Savéol, deux bouteilles de champagne à la main. Toujours souriante, elle salue Titouan Lamazou (premier vainqueur de l’épreuve) avant de partir, sous les encouragements de Tanguy de Lamotte. Tanguy qui semble légèrement tendu - et ému - en attendant son tour, mais qui garde le sourire grâce aux « Bravo les gars ! » et aux « Allez Tanguy ! » du public. Vient ensuite la classe suisse et Dominique Wavre, qui quitte le port sur Mirabaud dans une simplicité propre à ce ténor des mers. Enfin, et pour finir, Banque Populaire ferme la marche. Le crâne rasé, fraîchement passé sous la tondeuse, Armel Le Cléac’h s’apprête à partir : un clin d’œil, une dernière photo, un pouce levé. Et c’est parti !
 


Aurélia Mouraud