16 Novembre 2012 - 18h54 • 6930 vues

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Depuis deux jours, le hauban cassé de Louis Burton et le démâtage de Sam Davies font la une de l’actualité du Vendée Globe. Mais dans quels cas risque-t-on de démâter ? Denis Horeau, le directeur de course, et Alain Gautier, ancien vainqueur et consultant sécurité, nous ont éclairé sur le sujet.

Les mésaventures de Louis Burton et Sam Davies illustrent deux des trois causes principales d’un démâtage : l’endommagement d’une pièce périphérique, le passage d’un front ou le défaut de conception.
 

L’endommagement d’une pièce périphérique
Un mât tient grâce à des haubans, câbles autrefois métalliques ou en carbone et aujourd’hui exclusivement en textile. C’est ce qui a été touché lors du choc entre Bureau Vallée et le bateau de pêche. Si un hauban - ou une autre pièce périphérique associée (barre de flèche ou outrigger) est cassé, cela entraînera la chute du mât. C’est la raison pour laquelle Louis Burton a préféré ne pas prendre de risques et s’arrêter au port de la Corogne. Car le passage du golfe de Gascogne pour rejoindre les Sables d’Olonne impliquait une route en bâbord amure, qui aurait exercé trop de pression sur son hauban abîmé.  


Le passage d’un front
Le mât se trouve dans sa configuration la plus solide lorsqu’il est contraint, c’est à dire lorsqu’il est soumis à des efforts.
Mais il peut également se rompre de lui-même.

Lorsqu’il navigue dans de bonnes conditions, un bateau est « appuyé » sur la mer par le vent dans les voiles. Au passage d’un « un front », le bateau se trouve momentanément dans une petite « décompression » du vent.  Lee vent peut être moins fort et irrégulier, passant par exemple de 5 à 20 nœuds en changeant de direction.
La mer, elle, ne diminue pas aussi vite que le vent.  Elle demeure toujours formée tandis que le bateau n’est plus bien appuyé par le vent. Ce dernier peut alors « tomber » dans un trou de vague et occasionner le bris du mât.

C’est notamment ce qui est arrivé il y a quatre ans à Kito de Pavant, Marc Thiercelin et Yannick Bestaven, et très probablement à Sam Davies cette année.
 

Le défaut de conception
Enfin, un mât peut casser s’il est mal conçu. Mais cette hypothèse ne peut être appliquée à Savéol puisque c’est un bateau ayant déjà fait un Vendée Globe. Si le mât comportait un défaut de conception, il se serait cassé bien auparavant. Il existe par ailleurs certains moyens de surveillance des pièces en carbone, notamment au niveau de leur usure (délaminage).

 

Il est malheureusement toujours délicat de déterminer la cause exacte d’un démâtage car la pièce endommagée est rarement - voire jamais - ramenée à terre. Un mât cassé reste au fond des océans et empêche toute expertise.
 

Aurélia Mouraud avec Denis Horeau et Alain Gautier