18 Novembre 2012 - 17h33 • 2498 vues

Partager

Article

Comme au théâtre : au fur et à mesure que la pièce se déroule, on est pris par l’intrigue. On garde en mémoire la sortie de l’un des personnages, mais ceux qui sont à l’avant-scène continuent de prendre la lumière. Jérémie Beyou aimerait bien prolonger son rôle, mais l’incertitude pèse.

C’est l’histoire du grain de sable. Auteur jusque là d’une course parfaitement maîtrisée, Jérémie Beyou risque de devoir quitter prématurément la course suite à la rupture improbable d’une pièce du vérin de quille : une pièce éprouvée qui jusque là avait encaissé des milles de navigation sans broncher. Le skipper de Maître CoQ avait joué la prudence dans les premiers jours de course, veillant à préserver sa monture avant d’aborder le grand Sud. Le sort semble en avoir décidé autrement. Toute l’équipe technique de Jérémie travaille à trouver une solution pour permettre au navigateur de continuer sa course, quille bloquée. Elle peut compter sur le renfort de la structure de Michel Desjoyeaux. Le double vainqueur du Vendée Globe faisait de Jérémie un candidat sérieux au podium ; il connaît son bateau par cœur et son diagnostic pèsera forcément dans la balance. Blaise Pascal disait qu’agir dans l’incertitude est encore le plus raisonnable. Au mieux, on gagne tout… Au pire, on ne perd pas grand-chose. S’il reste encore une chance de terminer ce Vendée Globe, nul doute que Jérémie la saisira.

 

A la fortune du pot

La tête de flotte est, quant à elle, déjà mobilisée par le prochain passage à niveau, le pot au noir. En éclaireur, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) sait que le moindre faux pas sera exploité par ses adversaires. Derrière lui, François Gabart (MACIF), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Vincent Riou (PRB) espèrent recueillir quelques uns des fruits que le leader pourrait laisser en route. Mais tous savent trop bien ce que la Zone de Convergence Inter Tropicale peut receler de pièges. On y a déjà vu des voiliers se faire piéger sous un nuage et voir un adversaire, positionné parfois à quelques encablures, démarrer pour se constituer, au fil des heures, un matelas de plus de cent milles. Pour Alex Thomson (Hugo Boss) les heures à venir risquent d’être plus compliquées. A la lutte avec Jérémie Beyou, le navigateur britannique avait là un excellent moyen de mesurer sa progression. Quand on est tout seul, l’étalonnage est plus complexe.
Pour l’heure, les trios Le Cam (SynerCiel), Golding (Gamesa), Wavre (Mirabaud) d’une part et de Lamotte (Initiatives-cœur), de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) et Di Benedetto (Team Plastique) de l’autre, n’ont pas ce souci. A la lutte, ils ont à chaque classement l’occasion de mesurer leur niveau de performance. Zbigniew Gutkowski (Energa) n’en est pas là. Il a réussi à sortir vainqueur de la bagarre avec son gennaker, mais n’a toujours pas résolu ses problèmes de pilote. Continuer la course ou non, tel est, pour l’heure, le dilemme du navigateur. En Français comme en Polonais, le pari de Pascal a la même valeur.

PFB