Retrouvez les principales déclarations des skippers lors du live du 30 novembre, marqué par la présence en plateau de Sidney Gavignet.
Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)
Tout va bien à bord de Banque Populaire. On a 20-25 nœuds de vent, ça glisse bien depuis ce matin. On a un ciel assez dégagé, un beau soleil, mais on voit les prémices du front avec un ciel voilé au large qui se rapproche. Ça accélère doucement. Les écarts se resserrent comme prévu avec mes petits camarades. L’option de Jean-Pierre (Dick) était un peu meilleure je pense, mais le bilan n’est pas non plus mauvais.
On va devoir négocier une nouvelle stratégie avec la porte Kerguelen qui a été remontée. Il va y avoir des moments délicats à gérer. Une nouvelle course va commencer.
Les vérifications sont faites. Je les ai faites sur les dernières 48 heures, j’ai eu des conditions assez clémentes pour faire un tour du bateau, du rangement, du nettoyage. Je ne suis pas monté au mât mais j’ai vérifié la grand-voile, les drisses.
On n’a pas encore les polaires mais on a enlevé les t-shirts et les shorts pour les ranger dans le sac.
On va attaquer un mois intense au niveau du rythme. Ça va être assez élevé, il va falloir être vigilant sur le matériel, placer le curseur au bon endroit entre aller vite sans trop tirer dessus et ne pas se faire décrocher. Mon expérience me permet d’adapter mieux mes voiles, mes changements de voiles. Mais François (Gabart) est bien préparé et bien entraîné. Il gère sa course de manière intelligente.
Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)
La nuit a été agitée mais tout est revenu dans l’ordre et ça va doucement. Ça a sérieusement ralenti. Tout va bien à bord. La mer est assez agitée parce qu’il y a un front qui est passé cette nuit. Il y a pas mal de mer, entre 10 et 15 nœuds et ça a tendance à plutôt mollir. Mais grâce aux vagues j’arrive à faire des petits surfs et heureusement parce que devant, ils vont très vite et l’élastique a tendance à se tendre.
Mes journées sont rythmées par les vacations qui sont très excitantes et la météo le matin. Je me fais un petit-déjeuner au moment de la météo à moins qu’il y ait des manœuvres à faire en même temps. J’ai un repas le midi et le soir, et des collations l’après-midi et pour la nuit. Je n’ai plus de cannelés, j’ai fini tous ceux que ma maman m’avait préparés ! Il faudra attendre l’arrivée pour en avoir d’autres.
Ce que j’aime surtout, c’est naviguer en course même si je me rends compte depuis 24 heures que l’élastique est en train de se tendre. Mais je me dis que tous les jours où je suis sur mon bateau, c’est du bonheur. Moralement c’est parfois compliqué mais je n’oublie jamais que c’est une chance d’être là, ça me fait plaisir d’être encore en course.
On fait un sacré métier, on a du bol. Je ne suis pas à plaindre, je me régale tous les jours.
Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)
Ça va carrément. Ça mouille de partout mais il n’y en a plus que pour trois heures. Ça marche bien, j’aimerais bien pouvoir barrer mais là c’est impossible, c’est la guerre dehors. On se met à l’abri.
Dans trois-quatre heures, le front sera passé. Là c’est un peu la guerre, j’aimerais bien pouvoir barrer, c’est chiant.
Je vois des oiseaux derrière, une dizaine d’oiseaux noirs. Il y a de la mer. Le pilote automatique a du mal à prendre les vagues, à barrer droit. Il fait des surfs à 24 nœuds de temps en temps.
Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac-Paprec)
Les conditions sont musclées avec le front qui va bientôt passer. Le vent a constamment gonflé depuis ce matin. Avec les nuages qui arrivent, ça donne des choses assez étonnantes. Je vais à une vingtaine de nœuds.
On va se retrouver avec Armel (Le Cléac’h), François (Gabart) et ma pomme. Ça va être une belle bagarre mais relativisons, il ne faut pas casser le matériel. Ce n’est pas sur les deux ou trois milles qu’on va prendre là qu’on va gagner la course, il faut raison garder.
La course a été très intense mais la journée d’hier a été très belle avec un beau soleil et des belles conditions de vagues. Je n’ai pas encore vu nos amis les albatros mais c’est pour bientôt. Je suis en train de passer l’île Gough - ce n’est pas simple à prononcer - et là il y en a beaucoup. Et on va bientôt voir d’autres poissons, ils seront plus dans l’eau et moins volants.
C’était une belle option mais j’ai manqué un peu de réussite parce que j’étais complètement « empétolé » pendant quasiment 12 heures au moment où je devais commencer à partir et ça a permis aux autres de recoller. Mais le plus important c’est qu’on soit un peu tous ensemble, la course va faire les écarts.
Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-Cœur)
En général, je mange entre 3500 et 5000 calories par jour, ça dépend principalement de la température extérieure. Et il y a beaucoup de variété dans ce que je mange : des conserves, du lyophilisé et même un peu de frais. Certains plats que je vais consommer ont été cuisinés par mon oncle. Tout est rangé dans des sacs, un sac par jour. J’ai aussi quelques bouteilles qui contiennent des boissons autres que de l’eau, comme par exemple du jus de fruit. J’ai prévu de la nourriture pour 100 jours, mais j’ai en plus l’équivalent de dix jours de plats lyophilisés.
Les conditions actuelles me donnent l’opportunité de vérifier que tout est en bon état à bord. J’ai bien évidemment procédé à des contrôles visuels, mais aussi des choses un peu plus techniques, comme l’électronique. Et j’ai la chance de pouvoir dire que jusqu’ici, tout va bien.
J’ai prévu de me raser aujourd’hui, et je vous montrerai évidemment le résultat. »
Sidney Gavignet
Je ne suis pas surpris par la vitesse des bateaux. Ce sont des bateaux qui vont très vite et qui sont bien préparés. Ça m’inquièterait presque qu’ils aillent aussi vite après 20 jours de course parce qu’il y a la fatigue mais il faut aussi penser à l’usure du matériel.
Je suis impressionné par Jean (Le Cam). C’est un délice parce que ces courses-là servent à donner du plaisir aux gens qui regardent.