A toi, à moi… Après s’être battus à coups de records, le trio de tête montre qu’aucun des protagonistes n’a envie de laisser sa part aux chiens. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), un temps dépossédé de son fauteuil de leader, a repris son bien pour moins de sept milles à Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3). Derrière ces deux ténors, François Gabart (MACIF) ne se laisse nullement impressionner et pointe à quatorze milles à peine du leader. Ces trois-là risquent de franchir la première porte des glaces en moins d’une heure de temps, après plus de 21 jours de course.
Derrière eux, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss) s’accrochent. Pour ces deux hommes, la performance est de taille. Alex dispose d’un bateau de la génération 2008-2009 et, même si son plan Farr a démontré son potentiel de vitesse en remportant la Route du Rhum aux mains de Roland Jourdain, il fait là une course remarquable de ténacité. Bernard Stamm, quant à lui, avait osé se lancer dans un projet audacieux en décidant de travailler avec l’architecte Juan Kouyoumdjian, à rebours de la tendance générale. Le comportement de son voilier lui apporte donc un double motif de satisfaction : il est dans le coup et il savoure les choix très personnels qu’il a pu faire.
Le front redistribue les cartes
Le passage du front sur la flotte a, jusqu’ici, favorisé les hommes de tête. D’une part, ils ont pu bénéficier de meilleures conditions de glisses pendant plus longtemps. De l’autre, le vent mollit franchement par l’ouest, pénalisant en premier lieu Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud). Pour ces trois-là, il va falloir s’armer de patience et attendre des conditions plus favorables pour tenter de recoller au groupe des échappés. Ce trio est beaucoup trop sage pour vouloir emballer la machine et aller plus vite que la musique. Jean Le Cam comme Dominique Wavre soulignaient combien la nuit avait été difficile à gérer dans une mer désordonnée. Premier objectif, ne pas casser de matériel en attendant son heure. Le Vendée Globe est aussi une course qui se construit dans la durée.
La longueur de la course, c’est bien le paramètre qui doit permettre au dernier groupe d’espérer encore. Si Javier Sanso (Acciona 100%EcoPowered) peut envisager de passer entre les mailles du filet de l’anticyclone, la messe du dimanche semble dite pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et dans une moindre mesure Alessandro Di Benedetto (Team Plastique). Pour ces quatre-là, il faut aussi savoir faire front : relever la tête, ne pas se laisser décourager par une météo franchement défavorable, rester concentré dans sa course. La stratégie du gagne-petit, des milles patiemment regagnés sur un adversaire proche est parfois le meilleur des aiguillons et le moyen le plus efficace de rester dans sa course. Il sera bien temps plus tard, quand le vent de la chance aura tourné, de se fixer d’autres objectifs.
PFB