La plupart des concurrents du Vendée Globe naviguent actuellement au large des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), un petit bout d'Hexagone dans l'océan austral.
Même s’ils sont dans le sud de l’océan Indien, les skippers du Vendée Globe ne sont pas si loin que ça du territoire français. Réputée inhospitalière, cette zone du globe abrite les TAAF. Mais, que peut bien cacher cette abréviation ? Il s’agit des Terres australes et antarctiques françaises, territoire d’outre-mer de la France comprenant cinq districts (les Îles Crozet, les Îles Kerguelen, les Îles Eparses, les îles Saint-Paul et Amsterdam et la Terre Adélie). Petit tour d’horizon.
Les Îles Crozet
La flotte du Vendée Globe passe assez loin des Îles Crozet mais cela n’empêche pas les skippers de voir apparaître ce nom sur leur route puisque l’archipel, qui comprend cinq îles volcaniques (Île aux Cochons, Île des Pingouins, Île des Apôtres, Île de la Possession et l’Île de l’Est), a donné son nom à la deuxième porte des glaces. D’une superficie totale de 340 km², il ne compte que 23 habitants (chiffres de 2009). Le climat des Îles Crozet est très semblable à celui des Kerguelen (voir plus bas) puisque les deux archipels se trouvent dans des latitudes assez proches. Enfin, les Îles Crozet abritent quatre espèces de manchots, des pétrels, des albatros, des skuas, des goélands dominicains et des mammifères marins (otaries, éléphants de mer, orques).
Les Îles Kerguelen
« Mon abandon (lors de la dernière édition du Vendée Globe) n’est pas un très bon souvenir mais ça m’a permis de voir les Kerguelen, confiait Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) il y a quelques mois. Je ne serais sûrement jamais allé là-bas sinon ! » Le skipper suisse est, avec son compatriote Dominique Wavre qui a également fait escale aux Kerguelen lors du dernier Vendée Globe, l’un de ceux qui connaît le mieux cet archipel parmi la flotte. Alors Bernard, que pouvez-vous nous dire des Kerguelen ? « Il n’y a pas un arbre. Il y a des cailloux et de la glace avec des colonies d’éléphants de mer, d’otaries… C’est très sauvage et c’est baigné par les dépressions. Il y a deux tempêtes par jour ! » Comme le décrit le skipper de Cheminées Poujoulat, le climat aux Kerguelen est océanique, froid (température annuelle moyenne de 4,5 degrés), et extrêmement venteux. Les mois de janvier et de février sont les plus chauds mais le mercure n’atteint jamais les 10 degrés, tout comme il ne descend jamais en dessous des 0 degrés au mois d’août, qui est le plus froid. Les vents atteignent couramment les 150 kilomètres par heure et peuvent parfois monter jusqu’à 200 kilomètres par heure. En ce qui concerne la faune, d’impressionnantes colonies de reproduction d’éléphants de mer, de manchots royaux, de diverses espèces d’albatros ou de gorfous peuplent le littoral en plus des animaux implantés volontairement ou involontairement par l’homme (lapins, chats, rats, rennes, truites). Cette région du monde est aussi connue pour sa forte densité de légine, un poisson à forte valeur commerciale.
© TAAF / Vendée GlobeCombien de personnes peuvent bien vivre là-bas ? « Nous devions doubler nos effectifs cette année et passer de 47 à une centaine de personnes mais le Marion Dufresnes (le navire qui ravitaille les TAAF) a malheureusement eu quelques problèmes. Aujourd’hui, nous sommes 58 », a expliqué Jean-François Vanacker, chef de district des Kerguelen, lors de L’Hebdo du Vendée Globe, mercredi. Les scientifiques basés dans cet archipel de 7 215 km², travaillent sur de la géophysique, de l’ornithologie, des programmes de biologie et des programmes sur la population des mammifères introduits.
Les îles Saint-Paul et Amsterdam
Comme les îles Crozet, l’île Amsterdam (58 km²) a donné son nom à une porte des glaces qui a été ajoutée au parcours récemment. Amsterdam a la particularité d’être la seule île des TAAF sur laquelle il existe une espèce d’arbre : le Phylica aborea. On y trouve la faune habituelle des îles subantarctiques de l’océan Indien en plus de… vaches sauvages. Une base scientifique météo a été installée sur l’île. Il s’agit de l’une des deux bases mondiales pour la mesure de la pollution de fond de l’atmosphère.
L’île Saint-Paul (8 km²), quant à elle, se caractérise par la présence d’un cratère central envahi par l’océan. La faune qui peuple Saint-Paul est comparable à celle de l’île Amsterdam même si les eaux environnantes sont riches en poissons et langoustes. Enfin, il n’y aucun habitant permanent sur l’île qui est interdite d’accès, en dehors des missions scientifiques, pour des raisons environnementales.
Les îles Eparses
Situées au large de Madagascar, les cinq îles Eparses (Bassas da India, Europa, Glorieuses, Juan de Nova et Tromelin) d’une superficie comprise entre 1 et 30 km², sont les TAAF situées le plus au nord. Il s’agit d’îles d’origine corallienne soumises à un climat tropical mais les précipitations y sont limitées en raison de l’absence de relief. Le sol de nature essentiellement calcaire de ces îles ne leur permet pas d’avoir une végétation très riche pour des îles tropicales. En revanche, la faune est très variée avec la présence notamment de tortues de mer et de coraux et de nombreuses colonies d’oiseaux de mer (frégates et fous sur l’île Europa, sternes sur l’île Europa et les îles Glorieuses, sternes fuligineuses sur l’île Juan de Nova et des flamants roses sur l’île Europa). L’île d’Europa abrite par ailleurs des chèvres sauvages. Au niveau démographique, toutes les îles, à l’exception de Bassas da India, sont habitées par au moins un gendarme (sauf Tromelin), des météorologues et parfois des scientifiques.
La Terre Adélie
Le district de Terre Adélie est une bande étroite du continent antarctique, d’une superficie d’environ 432 000 km². Son climat est caractérisé par des températures très basses et des vents violents, souvent chargés de particules de glace. La Terre Adélie abrite la base scientifique française Dumont-d’Urville, sur l’île des Pétrels. Il s’agit de la seule base scientifique française permanente du continent antarctique qui comprend une trentaine de personnes. Un effectif qui double en été.
Grégoire DUHOURCAU