Depuis le départ du Vendée Globe, plusieurs marins de la flotte ont dû grimper en tête de leur mât pour effectuer des réparations. Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) ou encore Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) ont joué les alpinistes. Jean-Pierre Dick, qui est venu compléter cette liste dans la nuit de mardi à mercredi, a été contraint de le faire dans les Cinquantièmes hurlants !
Grimper au mât, voilà un exercice périlleux que les marins appréhendent particulièrement. Mais parfois, il n’y a d’autre choix que d’enfiler son baudrier pour prendre un peu de hauteur. Oui, de la hauteur puisque la tête de mât d’un 60 pieds IMOCA se trouve tout de même à une petite trentaine de mètres de hauteur (29 mètres au maximum). Les systèmes de hook ont de nombreux avantages mais en contrepartie, ils peuvent obliger les skippers à monter plus fréquemment dans le mât qu’ils le souhaiteraient. Pour ce faire, les marins ont tous adopté des systèmes issus de la pratique de l’alpinisme, à l’aide de bloqueurs qu’ils installent sur une drisse tendue.
Pourquoi détestent-ils autant ce type d’ascension ? Tout d’abord, c’est dangereux, mais surtout, c’est un exercice qui demande d’importantes ressources physiques. Notamment au niveau des cuisses qui sont extrêmement sollicitées pour serrer le mât. De même le baudrier peut couper la circulation sanguine. Sans oublier qu’une réparation peut durer plusieurs heures (deux heures pour Jean-Pierre Dick) et que le bateau continue sa route pendant ce temps. Le ballant en tête de mât peut donc aller jusqu’à cinq ou six mètres selon les conditions. Une fois redescendus, les acrobates des mers doivent observer plusieurs heures de récupération. Le visage marqué de Jean-Pierre Dick, une fois sa manipulation effectuée, en est la parfaite illustration.
L’un des pires souvenirs en mer de Bernard Stamm est justement une ascension au mât lors de la course Around Alone en 2002/2003. « Je suis monté en haut du mât avec ma télécommande de pilote. Il y avait un dispositif qui mettait le pilote en vrac quand je m’éloignais du bateau. Ce n’était pas vraiment au point et quand je suis monté au mât, le pilote a cru que j’étais tombé à l’eau. Il a mis la barre dans le coin et le bateau s’est couché. Je me suis retrouvé en haut du mât avec les pieds dans l’eau », raconte le skipper suisse de Cheminées Poujoulat. Un mauvais souvenir qui lui est certainement revenu en mémoire lors de sa réparation dans l’Atlantique Sud, il y a de çà quelques semaines.
Grégoire Duhourcau