30 Décembre 2012 - 15h20 • 3041 vues

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Retrouvez les principales déclarations de François Gabart, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Mike Golding et Javier Sansó, appelés pendant le Live du Vendée Globe de dimanche. Le skipper suisse de Cheminées Poujoulat revient notamment sur ses mésaventures ainsi que sur la procédure lancée à son encontre par le comité de course.

François Gabart (FRA, MACIF)

(Sur son duel avec Armel Le Cléac’h) Ça ne va pas mal, on a empanné cette nuit et on est en ligne droite vers le cap Horn. C’était rassurant d’être si près d’Armel car jusqu’à présent on était dans des zones éloignées des terres. (Être à côté de lui), ça rajoute une information supplémentaire pour savoir si on va vite, quand on fait un bon ou un mauvais coup... Et quelque part ça rajoute une certaine pression. Le fait d’avoir un bateau en permanence à côté ça booste, ça influe peut-être sur mon rythme de sommeil, je ne sais pas. Des moments de fatigue et de mou, on en a un paquet. Ça fait 50 jours qu’on navigue à fond la caisse, c’est normal que sur 24h on soit fatigué et qu’on ait besoin de se reposer. J’ai eu Armel à la VHF hier, c’était assez rigolo d’être à côté. On était tous les deux contents d’être là où on était, en approche du cap Horn. J’ai pris énormément de plaisir à naviguer dans les mers du Sud et je suis content d’arriver sur le cap Horn. On était tous les deux d’accord sur ce point. On a aussi parlé de la pluie et du beau temps, comme dans la vie de tous les jours.

(Sur la vie à bord) On est dans le confort minimum acceptable pour un être humain. J’exagère, mais c’est difficile car on est mouillé en permanence, il y a énormément de mer - ce qui m’a d’ailleurs plus frappé que les vents. Les gestes de la vie quotidienne deviennent compliqués et l’organisme est sollicité à force d’être remué dans tous les sens. Mais me retrouver dans un lit qui ne bouge pas sans bruit autour de moi me ferait bizarre, je ne sais pas si j’arriverais à dormir !

 

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

(Sur son retour dans la course) Ça se passe plutôt bien, il y a 200 mètres de visibilité, je suis dans le brouillard mais les conditions sont bonnes. La mer est rangée dans le bon sens et il y a un bon vent. Ça glisse, ça fait du bien. L’hydrogénérateur de bâbord charge à bloc mais celui de tribord, celui qui a merdé, recharge moins bien. Mais à cette vitesse-là c’est suffisant pour charger les batteries.

(A propos de la réclamation du comité de course à son encontre) J’ai envoyé mon rapport au jury, maintenant on va le laisser faire son travail. A aucun moment je n’ai demandé de l’assistance, j’ai agi pour mettre le bateau en sécurité. On en reparlera une fois que le jury aura pris sa décision. Je suis plutôt confiant, je pense avoir agi dans le bon sens, mais c’est toujours compliqué.

(Au sujet de ses nombreux déboires) J’ai pu dormir un peu, j’étais dans un secteur chaud à l’avant de la dépression, c’était assez stable donc j’ai pu me reposer et me nourrir. Quelque chose s’est coincé dans l’hydrogénérateur tout à l’heure et ça a tenu donc je suis content de mes réparations. Par contre j’ai de nouveau perdu ma colonne de winch, je suis vert. Après 50 jours en mer, j’aspire à pouvoir régater, pouvoir quitter mon chantier. Ce n’est pas encore tout à fait le cas mais je suis en bonne voie. Déjà ça avance, ce qui est un gros plus. Je peux faire route à vitesse normale, les manœuvres sont beaucoup plus longues mais c’est comme ça. Quand je pourrai de nouveau régater normalement ça ira super. De toute façon, je suis condamné à aller vite car c’est quand je vais vite que je peux recharger mes batteries, et la vie est beaucoup plus simple. Car quand j’étais arrêté, j’avais une vision à deux heures, j’étais incapable de dire ce qui allait se passer au-delà de deux heures. C’était super usant. Il y a toujours le moyen de jeter l’éponge et d’appeler au secours mais ce n’est pas le but du jeu. À la fin il me restait un demi-litre d’eau douce, toutes les manœuvres se faisaient à la voile, j’étais usé de mes acrobaties. Mais je préfère une bonne tempête dans le Sud où ça avance bien plutôt que ce que j’ai vécu là-bas.

 

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

(Sur ses conditions météo actuelles) C’est un petit peu incongru d’avoir un immense soleil et peu de vent dans le Pacifique. C’est assez paradoxal. Pour l’instant, je n’ai pas de ressenti de fatigue, je me sens bien physiquement et moralement, le bateau se porte bien. Je n’ai pas eu d’avarie ni de problème grave à résoudre donc je me sens bien. J’ai peut-être une fatigue de fond que je ne ressens pas encore, je ne sais pas.

(A propos de sa forme physique) Certains perdent de la masse musculaire au niveau des jambes car c’est vrai qu’on développe beaucoup les bras avec le moulin à café et le haut du corps au cours des travaux à bord. Les jambes ne font pas grand-chose, mais j’essaye de faire quelques exercices d’assouplissement donc je n’ai pas de problème particulier à signaler. On se rend compte d’une éventuelle fatigue de fond en fonction de l’état dans lequel on sort de notre sommeil : soit on est hagard sans savoir où on est, soit on se réveille et on est tout de suite replongé dans la réalité. Ce qui est mon cas donc ça va.

 

Mike Golding (GBR, Gamesa)

Les choses se passent plutôt bien, j’ai eu deux jours et demi de conditions assez stables, on aurait dit l’Atlantique ! Ça facilite la navigation et ça m’a permis de nettoyer un peu, de faire le tour du bateau et de me préparer pour la deuxième moitié de la course.  J’ai eu la joie de savourer un bon petit déjeuner anglais avec des œuf, des toasts et des haricots. Une belle façon de fêter mon 50ème jour de course ! Et puis ça change des repas lyophilisés, qui ne sont pas mauvais mais qui ne remplaceront jamais la nourriture classique. Qui sait, j’en ai peut-être même un peu gardé pour la prochaine grande occasion ! J’ai encore du pain et des œufs en poudre, ce qui va certainement en surprendre certains…

Quand vous arrivez dans le sud, vous vous attendez à des conditions difficiles, des icebergs et tout ça. Bien-sûr, on en a eus, mais en fin de compte, ce n’était pas si terrible. Rien à voir avec l’édition précédente, où ça avait vraiment été rock’n’roll. Armel et François ont montré ce qu’on peut faire avec des systèmes météo favorables mais malheureusement, l’ensemble de la flotte na pas bénéficié des mêmes conditions.

Malgré le coût, j’essaie de me connecter au site internet de la BBC pour me tenir au courant des infos internationales. Pendant le Vendée Globe 2004, je n’ai même pas su qu’il y avait eu un tsunami, ce qui est fou, quand on y pense. Donc j’essaie de me tenir au courant. J’ai appris que Ben Ainslie avait été anobli par la Reine. C’est mérité, félicitations, on est tous très fiers de Ben. Un marin anglais, et l’un des meilleurs navigateurs au monde.

 

Javier Sansó (ESP, ACCIONA 100% EcoPowered)

J’avance vite grâce à des vents favorable. Je rattrape mon retard sur les gars devant moi. Lentement, mais sûrement.

Maintenir une bonne vitesse demande beaucoup de travail à bord, il faut que l’équilibre du bateau reste satisfaisant et ça, c’est un travail à plein temps. De temps en temps, j’essaie de dormir 40 minutes et sinon, je fais des micro-siestes. Malgré tout, j’ai pas mal de sommeil en retard. J’espère pouvoir mieux dormir quand le vent se sera stabilisé, en force comme en direction. Mais je me sens bien, physiquement je suis à 100%, je n’ai aucun problème. C’est un vrai motif de satisfaction. 

Franchement, je n’ai aucune réparation à faire. Je vérifie intégralement le bateau tous les jours, y compris les systèmes hydrauliques, et tout a l’air d’aller bien. La seule chose qui m’inquiète, c’est que le radar est cassé. Je vais devoir à nouveau grimper au mât pour le refixer car il s’est un peu désolidarisé du mât pendant une tempête et il ne tient plus que par le câble. J’ai réussi à le refixer mais c’est un nid à problèmes. Je ne suis vraiment pas rassuré dans cette zone sans mon radar.

 


Replay : Le live du Vendée Globe du 30 décembre par VendeeGlobeTV