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De coéquipiers à adversaires

Ils sont nombreux, les prétendants du Vendée Globe, à avoir disputé au moins une étape de The Ocean Race. À bord de ces IMOCA qu’ils ont tant l’habitude de manœuvrer en solitaire, ils racontent leur cohabitation. Et ce qui les unit, dans un esprit de fraternité, même s’ils seront adversaires dans vingt mois, lors du prochain Vendée Globe. 

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Kevin Escoffier (Holcim-PRB) avec Sam Goodchild (For the Planet), Paul Meilhat (Biotherm) avec Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Damien Seguin (Groupe APICIL), Justine Mettraux (équipière sur 11th Hour Racing Team) Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Team Europe), Boris Hermann (Team Malizia)… Il y a des airs de Vendée Globe sur The Ocean Race, cette course autour du monde et avec escales, qui se dispute pour la première fois en IMOCA. Depuis le départ à Alicante en janvier dernier, trois étapes ont déjà eu lieu. La flotte - composée de cinq bateaux – a quitté Itajai au Brésil ce dimanche pour rejoindre Newport sur la quatrième étape.

« Personne n’était sur la réserve, personne n’a calculé » 

Cette volonté d’enchaîner les milles sans compter, de se frotter aux océans dont les redoutables mers du sud, c’est notamment ce qui a motivé nombre de skippers IMOCA à participer à des étapes. Et ce, même si les coéquipiers du moment seront bientôt adversaires dans d’autres courses dont celle qui représente l’objectif majeur qui les unit tous : le Vendée Globe dans moins de vingt mois. « Quand Paul m’a proposé de l’accompagner l’étape du Sud, je n’ai pas vraiment réfléchi à la suite, confie Sam Davies. Je voulais surtout me donner à fond, tout faire pour assurer ma mission d’équipière et contribuer à la réussite du bateau » Même son de cloche chez Damien Seguin : « personne n’était sur la réserve, personne n’a calculé. Ce sont des bateaux qui sont tellement complexes qu’on se devait d’être dans un partage total ». 

Sam Goodchild, lui, a fait ce qu’il appelle son « baptême du feu en IMOCA » à bord d’Holcim-PRB. « Je ne pouvais pas espérer mieux comme préparation avant la mise à l’eau de mon bateau, explique le Britannique. Certes, ça permet d’acquérir beaucoup pour la suite mais je ne me battais pas pour l’avenir mais pour tout faire afin d’aider Kevin. Pour moi, c’est une question de respect envers lui et la confiance qu’il m’accorde ». « De mon côté, je savais que Sam allait être extrêmement motivé en me rejoignant et ça a compté quand je lui ai proposé de me rejoindre ». Le skipper d’Holcim-PRB abonde : « quand on est sur l’eau, quand on se bat pour être le plus rapide, on n’est pas dans une logique de concurrence future. On ne pense qu’au présent, à la façon dont ça peut le mieux possible se passer entre nous. » 

« Ce partage, ça fait partie de notre culture »  

Ce lien qui les unit dépasse le cadre de cette course en équipage. Sam Davies l’atteste : « finalement, on est plus souvent ensemble qu’adversaires. Il nous arrive régulièrement de nous entraîner avec d’autres skippers. On sait qu’on apprend beaucoup plus au contact des autres. Ça permet à tout le monde de progresser et d’augmenter le niveau global ». Paul Meilhat rappelle aussi « l’habitude de naviguer ensemble dans les épreuves en double comme la Transat Jacques Vabre ». « Ce partage, cet échange permanent, ça fait partie de notre culture », assure le skipper de Biotherm, ce qui pousse Damien Seguin à ajouter : « c’est lié à l’histoire de notre sport ». 

Pour Kevin Escoffier, cet état d’esprit est l’une des raisons qui explique l’attrait de la discipline au sens large : « Quand on passe 35 jours en mer, quand on doit faire face à tant de difficultés à surpasser, c’est l’aventure humaine qui prédomine. Le goût de l’effort, du dépassement de soi, c’est ce qui nous rassemble et nous tient à cœur ». Leurs chemins diffèrent désormais, entre ceux qui vont poursuivre The Ocean Race avec de nouveaux équipiers, et ceux qui ont retrouvé leur team et leur projet en Bretagne. Sam Davies a remis à l’eau Initiatives-Cœur, Sam Goodchild en a fait de même avec For the Planet alors que Damien Seguin continue le chantier de Groupe APICIL (avec notamment un changement d’étrave). Une aventure s’achève pour eux mais les exemples de solidarité qui les unissent sont toujours aussi nombreux. La preuve ? Sam Davies embarque Damien Seguin sur la Guyader Bermudes 1000 Race dont le départ aura lieu le dimanche 7 mai prochain à Brest. 


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