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Les icebergs, la navigation et le niveau de la mer

Autrefois, les icebergs de l'Antarctique pouvaient complètement perturber les routes maritimes. Aujourd'hui, leur nombre est directement lié à l'évolution du niveau des mers.

Glacier en Antarctique
Glacier en Antarctique
© Camille Lin / PolarJournal

Glace et navigation n'ont pas toujours fait bon ménage en Antarctique. À la fin du XIXe siècle (époque des cap-horniers), une forte période de vêlage - quand un bout de glace se décroche d'un glacier - a perturbé le trafic marchand autour de l'océan Austral. Ce fut surtout vrai près du cap Horn lors de l'été 1893-94. Une forte quantité d'icebergs de la mer d'Amundsen dérivait vers les Falkland, le passage était risqué. La navigation et la sécurité en mer se sont considérablement améliorées depuis ce temps-là, nous avons des satellites. Pour le Vendée Globe, la société française CLS surveille la glace depuis l'espace, et définit une zone d'exclusion antarctique, appelée communément ZEA, prenant en compte la position des icebergs et leur dérive liée aux courants profonds. Dans un avenir proche, une quantité anormale d'icebergs pourrait bien refaire surface dans l'océan, impactant cette fois-ci le niveau des mers et l'érosion côtière.

La moitié de ce siècle devrait connaître une élévation de 20 centimètres du niveau de la mer selon l’agence spatiale française et la NASA. Derrière ce chiffre se cachent des milliards de tonnes de glace qui se détachent chaque année des continents. En Antarctique, les glaciers qui descendent jusqu'à l'eau flottent et forment des plateformes accrochées à la côte. Ces dernières, épaisses de plusieurs centaines de mètres, freinent l'écoulement de la glace du continent, un peu comme le bouchon d'une bouteille.

À un certain stade de réchauffement climatique, les courants marins déstabilisent ces plateformes. « Une plateforme de glace peut se désintégrer en quelques semaines et former d'un seul coup une grande quantité d'icebergs, » explique Nicolas Jourdain, glaciologue de l'Institut des Géosciences de l'Environnement à l'université de Grenoble. « Comme Larsen B en 2002, dans l'est de la péninsule Antarctique. » Et quand on fait sauter le bouchon d'une bouteille, ça coule plus vite.

Depuis 1995, l'écoulement de la glace s'est accéléré de 26 % en péninsule Antarctique. Cette extrémité est située dans l'ouest du continent, où la fonte a déjà contribué à 10 % de l'élévation du niveau général des océans (neuf centimètres depuis 1993). « Dans les mers d'Amundsen, les plateformes de glace de Pine Island et Thwaites étant déjà fortement endommagées, leur désintégration pourrait arriver d'ici à 2050, » explique le glaciologue, «  mais le phénomène est exceptionnel et très difficile à prédire. »

Ces événements resteront très localisés d'ici à 2050, mais si aucun effort pour limiter le réchauffement climatique n'est fait, ils risquent de se généraliser à l'horizon 2100. Thwaites contient à lui seul assez de glace pour provoquer 65 centimètres d'élévation marine. La glace est assez volumineuse en Antarctique et en Arctique pour soulever l'océan de 70 mètres et 6 mètres respectivement. Selon les scénarios climatiques et les calculs, le niveau marin de la fin du siècle sera entre un et cinq mètres plus haut que le niveau zéro.

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