Derrière chaque bateau et chaque marin du Vendée Globe, il y a une communauté. Au premier rang, on y trouve le cercle familial, les amis, les équipes techniques, les sponsors, tous ceux qui gravitent au plus près des skippers. Mais il y a aussi, derrière, d’innombrables inconnus qui ont accroché avec la personnalité, et en sont devenus de fervents supporters. Sept d’entre eux nous ont raconté comment ils ont découvert leur « chouchou », et ont vécu à leurs côtés cette aventure sportive et humaine, où les émotions transparaissent derrière les mots et les images.
« J’ai posé deux jours de congé pour son entrée dans le Pacifique »
Gaëlle, 34 ans, responsable marketing à Lyon, supportrice de Clarisse Crémer
Quand on l’appelle, Gaëlle décroche en chuchotant. « Excusez-moi, je suis en réunion. Mais comme c’est pour Clarisse, je vous rappelle dans 5 minutes. » A partir du 10 novembre 2024, cette responsable marketing dans la région lyonnaise a suivi mille après mille le parcours de Clarisse Crémer, engagée cet hiver sur son deuxième Vendée Globe. Pourquoi elle ? « Je suis tombée sur une de ces vidéos en 2020, juste avant le départ de son premier Vendée Globe. Je l’ai trouvée drôle, attachante, courageuse. Je ne connaissais rien à la voile, mais ce qu’elle disait sur sa volonté de se dépasser, et surtout la manière dont elle le disait, avec cette espèce de niaque mélangée à une forme de frousse, ça m’a vraiment touchée. Et la suite, sa grossesse, les nombreux bâtons dans les roues, tout ça m’a donnée encore plus envie de la soutenir, parce qu’elle représente parfaitement les femmes de notre génération. »
Alors pour ce Vendée Globe 2024, Gaëlle ne l’a pas lâchée d’une semelle, sa navigatrice préférée. Même si « les premiers jours ont été durs, quand elle a perdu sa voile d’avant dans le golfe de Gascogne, j’ai serré les dents avec elle ». Jusqu’à se réveiller la nuit pour vérifier la cartographie. Le moment le plus dur ? « Quand elle a eu des galères à l’entrée du Pacifique. Vous allez me prendre pour une folle mais j’ai posé deux jours de congé, j’étais trop frustrée pour elle et j’avais pas le cœur à travailler. » Et que retient-elle de ce Vendée Globe, conclu en 11e position par la skipper de L’Occitane en Provence ? « Elle a prouvé que c’était une battante, et surtout qu’elle savait naviguer à très haut niveau. C’est absurde parce qu’on ne se connaît absolument pas, mais ça me rend fière pour elle ! »