Trois mois en mer, et chaque jour semble à la fois se fondre dans l’autre et marquer un chapitre distinct d’une aventure hors du commun. Tandis que Denis Van Weynbergh a maintenant franchi l’équateur et rejoint ses copains de jeu, chacun d’eux doit composer avec ce paradoxe du Vendée Globe : une course où le temps ne s’écoule pas en heures, mais en sensations, en espoirs et en batailles contre soi-même. Fabrice Amedeo l’exprime avec justesse : « Quand on part sur cette épreuve, au début, on est emporté par la frénésie, l’effervescence de la terre, les cris, les adieux, l’adrénaline du départ. Mais, progressivement, on glisse dans le temps long. » Ce temps long, c’est la vérité brutale de l’océan. On l’apprivoise comme on peut, mais il finit toujours par dicter ses règles. Là-bas, les horloges humaines n’ont aucun sens. On ne compte plus les jours, car chaque souffle de vent, chaque creux et chaque crête devient le véritable métronome du marin. Pourtant, à mesure que la ligne d’arrivée approche, même de loin, la tentation de retomber dans les calculs ressurgit : évaluer les heures jusqu’à la prochaine manœuvre, anticiper les ETA, échafauder des stratégies. « Or, ça, c’est un piège. Un piège insupportable », prévient le journaliste – navigateur.
Le piège des calculs et la force mentale
Face à ce piège, seule la ténacité permet de tenir bon. Chaque skipper sait que céder au découragement pourrait être fatal. À l’arrière du peloton, la bataille est différente, mais tout aussi féroce.