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Amélie Grassi : « le Vendée Globe, c’est mon fil conducteur »

Ils naviguent actuellement sur The Ocean Race en équipage, aux côtés de skippers chevronnés mais rêvent d’être au départ du prochain tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, sur leur propre bateau. Voici une série de portraits de skippers qui pourraient bien écrire la prochaine page de l’histoire du Vendée Globe, dès 2028.

Amélie Grassi
© Gauthier Le Bec / Biotherm

Le Vendée Globe fait rêver. Il aimante, il obsède, il façonne les trajectoires. Tous les marins qui s’élancent en mer ont un jour imaginé leur nom sur cette ligne de départ hors norme. À 31 ans, Amélie Grassi ne fait pas exception : fonceuse, persévérante, elle accumule les milles, apprend des meilleurs et construit patiemment son chemin vers l’Everest de la course au large. Actuellement engagée sur The Ocean Race Europe à bord de l’IMOCA Biotherm de Paul Meilhat en tête du classement provisoire, la navigatrice rochelaise vit un nouveau tremplin vers son objectif ultime : un tour du monde en solitaire.

Une trajectoire choisie

Chez les Grassi, la voile est une histoire de famille : une mère sur la Mini Transat, un père sur la Route du Rhum. Mais Amélie, elle, trace d’abord un autre sillage. « J’ai fait de la danse classique jusqu’à 13 ans. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai commencé la régate. Autant dire que j’avais tout à rattraper par rapport aux copains qui naviguaient déjà en Optimist depuis l’âge de 6 ans », raconte-t-elle. Mais le déclic vient véritablement en 2015, lorsqu’elle assiste au départ de la transatlantique en solitaire des Mini 6.50. « J’ai eu des frissons en les voyant partir avec des étoiles plein les yeux. Je me suis dit : je veux trop faire ça, moi aussi ! » Diplôme de droit en poche, elle tourne alors le dos aux codes juridiques pour embrasser la course au large et prépare la Mini Transat 2019. 

Amélie Grassi
© Anne Beaugé / Biotherm

Au départ de la Mini Transat, c’était de la curiosité. Mais à l’arrivée (8e et première femme), je savais que je voulais continuer.

Amélie Grassi
Equipière à bord de Biotherm

Oser, provoquer les opportunités

Elle n’attend pas qu’on vienne la chercher. « Je ne me ferme aucune porte. Au contraire, je les enfonce. Oui, mes parents connaissent bien le milieu, mais ça ne fait pas tout. J’ose, je provoque des rencontres. » Elle appelle ainsi Loïck Peyron pour lui proposer de naviguer ensemble en Figaro Beneteau. Plus tard, elle contacte Paul Meilhat pour intégrer son projet. De 2021 à 2024, elle mène son propre programme en Class40 avec La Boulangère Bio. Quatre années fondatrices qui lui permettent de s’affirmer comme skipper à part entière. « Ce projet m’a appris à tout gérer : le bateau, l’équipe, les partenaires, la pression. » En parallèle, elle multiplie les expériences : Transat Jacques Vabre (4ᵉ en 2021 puis 13ᵉ en 2023), The Transat CIC (7ᵉ en 2024), mais aussi des navigations en Ultim sur Actual puis sur SVR-Lazartigue. « Naviguer sur des supports différents, avec des marins de tous horizons, c’est assurément le plus grand accélérateur d’apprentissage ! » Sur le 60 pieds Biotherm, elle entre dans une autre dimension. Déjà embarquée lors de The Ocean Race 2023 – où elle a couru deux étapes –, elle poursuit aujourd’hui l’aventure au côté du skipper Finistérien sur The Ocean Race Europe avec succès. 


L’IMOCA, c’est une marche difficile. Un univers de haute technologie où la moindre manœuvre demande précision et anticipation. Mais passer du temps avec Paul, 5ᵉ du dernier Vendée Globe, Sam Goodchild ou Jack Boutell, qui connaissent ces bateaux par cœur, c’est une opportunité précieuse.

Amélie Grassi
Equipière à bord de Biotherm

Amélie Grassi
© Gauthier Le Bec / Biotherm

Les campagnes collectives sont intenses, mais formatrices : « Ce sont de véritables tunnels d’apprentissage : tu es en immersion totale, du matin au soir tu ne penses qu’au bateau, tu échanges sans arrêt avec ton équipe et tu repousses toujours un peu plus loin le curseur. De l’extérieur, on passe pour des fous… mais à l’intérieur, tu progresses à une vitesse incroyable ! »

Le fil rouge du Vendée Globe

Derrière chaque étape se dessine la même ligne d’horizon : le Vendée Globe. « Faire le tour du monde à la voile, c’est un rêve d’exploratrice. Si je n’y arrive pas en course, je le ferai en croisière avec ma famille. » Mais la compétitrice reprend vite le dessus. « La dernière édition de l’épreuve m’a bluffée. Le niveau a explosé. Aujourd’hui, il faut attaquer du début à la fin. Et moi, ça m’excite plus que ça ne m’effraie. » À 31 ans, Amélie incarne une génération qui refuse d’attendre. « Oui, j’ai eu la chance d’être ancrée dans ce milieu, mais j’ai aussi provoqué mes opportunités. Mon objectif désormais : transformer ce rêve en réalité ! » Alors, elle avance. Un pas, une course, une pierre de plus à l’édifice. « Chaque navigation me rapproche. Le Vendée Globe, c’est mon fil conducteur. »


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