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Le solitaire, ça ne s’apprend pas seul !

Alors que cinq IMOCA disputent actuellement une course en équipage, The Ocean Race, la saison a été lancée en France avec la Guyader Bermudes 1000 Race, en double. Sur cette saison 2023, les futurs skippers du Vendée Globe disputeront plusieurs courses dans cette configuration : la Rolex Fastnet en juillet puis la Transat Jacques Vabre en novembre. S’ils avouent sans détour aimer naviguer seul sur leur bateau, naviguer à plusieurs fait partie des étapes indispensables pour préparer le tour du monde en solo, sans escale et sans assistance.  

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Être au départ de la plus grande course à la voile autour du monde en solitaire, c’est un objectif de taille. Aucun des marins du Vendée Globe n’est dupe : ils ne l’atteindront qu’en avançant étape par étape, grâce à une préparation minutieuse. Pour cela, bien s’entourer semble être l’une des clés. Il y a l’entourage à terre bien sûr, l’équipe technique en première ligne, mais aussi les navigants avec lesquels les skippers s’entraînent et courent. Damien Seguin, qui a disputé des étapes de The Ocean Race avec Paul Meilhat et Sam Davies, ainsi que la Bermudes 1000 Race en double avec cette dernière, sur son bateau, en témoigne : « J’aime naviguer seul, mais j’ai besoin des autres. J’ai besoin des compétences de mon équipe à terre mais aussi de celles des autres navigants pour progresser. » 

« L’objectif, c’est de réussir le Vendée Globe » 

Damien Seguin, dont l’IMOCA est en chantier depuis 8 mois, s’apprête à mettre à l’eau début août un bateau doté de nouveaux grands foils, d’une nouvelle étrave, d’un nouveau gréement... La première phase de sa saison sera donc consacrée à la compréhension, la mise au point puis la fiabilisation de cette « nouvelle » monture. Cette phase de « construction de la performance » - comme la nomme le skipper - se fera en binôme avec Laurent Bourgues, son co-skipper pour la saison 2023, déjà intégré à l’équipe : « Laurent a travaillé longtemps au sein d’équipes techniques, notamment celle de Thomas Ruyant. Il a une grande connaissance des IMOCA récents. On réfléchit ensemble au refit du bateau. L’objectif était aussi de bénéficier de ses compétences en amont, dans la phase de chantier. La navigation sera le prolongement de tout ce travail-là. » Conscient de l’enjeu, Damien ajoute : « L’objectif, c’est de réussir le Vendée Globe, que mon bateau et moi soyons prêts à prendre le départ et à affronter ce tour du monde. Pour ça, les choses se construisent au fur et à mesure. »

Pour Benjamin Ferré, jeune skipper IMOCA candidat au Vendée Globe 2024, son co-skipper 2023 Pierre Le Roy fait aussi partie intégrante du projet, puisqu’il endosse plusieurs rôles : « Pierre a la particularité d’être à la base météorologue. L’année dernière, je m’étais rapproché de lui pour qu’il m’aide à préparer ma météo sur les courses. Il a aussi aujourd’hui la casquette de boat captain, ce qui n’est pas commun dans les équipes IMOCA » Les deux acolytes se connaissent bien puisqu’ils ont préparé la Mini Transat 2019 ensemble et qu’ils l’ont terminée à quelques heures d’écart. En 2021, Pierre Le Roy y avait participé de nouveau et l’avait remportée. « Comme on a été à la même école, on navigue un peu de la même façon » indique Benjamin, avant d’ajouter que « l’esprit joue beaucoup aussi. Je m’attelle à monter un projet IMOCA avec des personnes qui partagent l’esprit Mini : qui font les choses sérieusement, sans trop se prendre au sérieux ! Dans l’optique du Vendée Globe, Pierre était le choix le plus cohérent dans l’esprit du projet ».  

Le solitaire, un privilège 

Mais qu’on ne s’y trompe pas, si le skipper du Vendée Globe est un être sociable, il n’en reste pas moins un solitaire ! Aujourd’hui, profiter d’un instant de déconnexion s’apparente à un luxe dont les skippers en solitaire sont les rares à jouir... « J’aime profiter de l’espace solitaire que nous offre les navigations en solo, c’est assez rare mine de rien » avoue Damien. Pour Benjamin, le large rime naturellement avec le solitaire : « Je n’ai quasiment jamais fait de double ni d’équipage. J’ai découvert le large sans moyen de communication lors de ma traversée de l’Atlantique au sextant, puis en Mini. Maintenant que je suis en IMOCA, j’ai gardé ces habitudes. Alors qu’à terre, je suis plutôt connecté, entouré... Mais c’est un tel privilège d’avoir l’opportunité de passer ce temps seul en mer, ce serait dommage de ne pas en profiter! » Au-delà de ce sentiment singulier de solitude, cette configuration apporte une pression certaine d’un point de vue sportif : « en solo, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même quand tu fais des erreurs. Tu gères tout de A à Z. Ça met de la pression mais c’est ce qui te rend meilleur et qui te permet de te donner à fond sur ton bateau. En double ou en équipage, la responsabilité de la performance ou de la contre-performance est un peu diluée » analyse Damien Seguin, 7e du dernier Vendée Globe. Pour l’heure, les deux marins s’attachent à faire les choses dans l’ordre et profiter des nombreuses compétences qui les entourent, à commencer par celles de Jean Le Cam pour Benjamin, qui continue, malgré la construction de son nouveau bateau, à accompagner son jeune padawan !   


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