L'HUMAIN AU CENTRE DE L'ATTENTION
Le Vendée Globe, riche de dix éditions, ouvre désormais une nouvelle page scientifique sur la santé et la performance des skippers. Depuis les débuts, la machine technologique des 60 pieds était scrutée dans ses moindres détails, mais la machine humaine, elle, conservait encore ses mystères. « Nous manquons de données en course au large concernant les conditions dans lesquelles évoluent les marins », constate Laure Jacolot. L’édition 2024-2025 a marqué un tournant : pour la première fois à cette échelle, une étude ambitieuse portée par Bérénice Charrez et soutenue par l’IMOCA explore les impacts physiques et mentaux de la course. Les premiers résultats sont à la fois attendus… et saisissants. Atrophie musculaire marquée, perte de souplesse, troubles de l’équilibre, tensions ostéo-articulaires, stress chronique, déséquilibres hormonaux : le Vendée Globe transforme les corps. Des constats qui rappellent les effets d’un séjour prolongé en apesanteur. « Certains skippers perdent jusqu’à un centimètre et demi en taille, probablement à cause d’une compression vertébrale due à la posture confinée et à la perte de mobilité », explique la Suissesse, titulaire d’un doctorat en ingénierie médicale de l’Université de Californie à Berkeley. « C’est réversible, mais révélateur. » Même les skippers les mieux préparés reviennent au ponton avec des séquelles parfois invisibles, mais bien réelles.