26 Janvier 2013 - 17h53 • 3037 vues

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Plus que 20 heures de course. Dimanche matin, si tout va bien, François Gabart devrait en finir avec son premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Un final en apothéose, où le vainqueur devra d’abord triompher des derniers écueils météo qui s’élèvent sur sa route. Armel Le Cléac’h, attendu entre 3 et 6 heures plus tard, sera à la même enseigne.

Bientôt le pied à terre

Les marins ont-ils le pied terrien ? A l’arrivée, souvent, ils vacillent. Sur les pontons, dans l’émotion. Pendant deux mois et demi, leur pied-à-terre s’est limité à un réduit de moins de 9m2 dont une partie n’était accessible qu’à quatre pattes. Une petite tanière en carbone, mal isolée, en perpétuel mouvement. La cuisine ? Un réchaud. Les toilettes ? Un seau. La chambre ? Un pouf à billes. Les relations humaines ? Dématérialisées. L’environnement ? Un désert liquide.


En l’espace de quelques minutes, au moment où MACIF s’amarrera au ponton de Port Olona, François Gabart, 29 ans, va basculer d’un monde à l’autre. Un électrochoc chargé de sensations fortes, positives. Et qui met d’un coup en lumière toute l’âpreté et la beauté du voyage accompli.
Cerise sur le bateau : c’est en vainqueur que le benjamin de la flotte sera accueilli.
Mais avant les bravos dans le chenal des Sables d’Olonne, il devra d’abord passer un ultime examen. Un dernier « run » un peu sauvage à 20 nœuds de moyenne, dans un golfe de Gascogne agité par une mer croisée, puis le rapide passage d’un front en milieu de matinée, décochant ses rafales à 40-45 nœuds.
Armel Le Cléac’h, attendu entre 3 et 6 heures plus tard dans le port d’arrivée, sera soumis au même régime. Brillant dauphin et inséparable compagnon d’arme de François, le skipper de Banque Populaire a été l’autre grand patron de la course qu’il a animée par ses coups tactiques. Il sera ovationné avec autant de ferveur que le lauréat.

Alex au grand cœur

Dimanche soir, pendant que les deux premiers fêteront sur la terre ferme les retrouvailles avec leurs proches, il restera encore 10 solitaires en course.

Parmi eux, l’homme qui complètera le podium de ce 7e Vendée Globe.

Depuis l’avarie de quille de Virbac-Paprec 3, cette 3e place est promise à Hugo Boss. Hier soir, Alex Thomson a pris une noble décision : escorter, un temps, Jean-Pierre Dick. Des Açores à la ligne d’arrivée, la météo se corse pour les deux hommes qui affrontent les mêmes vents que les leaders. Mais avec une mer encore plus difficile. Dans ce contexte, le marin britannique a estimé qu’il ne pouvait pas laisser son compagnon de route sans ange gardien, au moins le temps que ce dernier évalue sa situation. Cette décision, Alex l’a prise spontanément, sans qu’il y ait demande d’assistance de la part de Jean-Pierre ou de l’organisation du Vendée Globe. Une initiative pleine de panache. Aujourd’hui, Dick fait cap vers les côtes portugaises, une route qui lui permet d’éviter le plus fort du vent de sud-ouest et la grosse mer. En attendant de prendre une décision définitive d’ici deux ou trois jours, il a légué sa troisième position à Thomson. « Prends soin de cette 3e place », lui écrivait-il cet après-midi. Ce dernier a empanné pour gagner dans le nord, vers l’archipel des Açores. Sur le chemin des Sables d’Olonne, Hugo Boss naviguera dans des conditions très musclées. Alex pourrait passer la ligne d’arrivée dans la journée de mardi…

C.El
 


Replay : Le live du Vendée Globe du 26 janvier par VendeeGlobeTV