Alors que les deux leaders vont bientôt quitter l’océan Indien, plusieurs solitaires ont résolu leurs problèmes techniques cette nuit, à l’image de Thomas Ruyant qui a colmaté sa voie d’eau et qui file au large des îles australes d’Amsterdam et de Saint-Paul…
Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le projet Imagine) : « J’ai repris la route hier soir après une journée un peu pénible. C’est reparti même si j’ai encore quelques petites bricoles à régler pour être à 100%. En fait, c’est la prise d’eau d’un ballast qui a découpé le fond de coque en s’ouvrant violemment sur une vague pendant un surf : je me suis retrouvé avec une colonne d’eau de 20 centimètres jusqu’au plafond ! Il a fallu réagir rapidement : j’ai colmaté dans un premier temps avec un bas de ciré le temps d’empanner, de rouler la voile devant et de faire un état des lieux. Puis j’ai réalisé un système de bouchon par l’intérieur avec de la mousse expansée, des plaques de mousse et un capuchon final en carbone, le tout étayé par l’intérieur pour maintenir l’ensemble. Ça a l’air de bien fonctionner… C’est la prise d’eau bâbord qui est désormais condamnée. Sur le moment, c’était impressionnant et je me suis dit que c’était terminé pour moi ! Mais avec un peu d’énergie, j’ai réussi à circonscrire le problème. Le moteur n’est finalement pas touché : je l’ai aspergé d’huile d’isolation électrique pour le préserver et il a démarré déjà deux fois.
J’ai perdu plus d’une journée dans l’histoire et la réparation proprement dite m’a pris huit heures. J’étais fatigué et j’ai dormi comme un loir cette nuit. Je ne suis pas encore à 100% du potentiel : il faut que je valide mon bouchon. En ce moment, il y a pas mal de mer et c’est assez agité : je suis en arrière d’un front et les vagues sont assez pentues. Le vent devrait mollir dans la journée : ce sera l’occasion de faire un check-up complet du bateau qui a souffert dans 35-40 nœuds pendant que je bricolais. Maintenant, je me retrouve un peu isolé entre ceux de devant qui sont partis et ceux de derrière qui sont encore loin. Il me reste encore quasiment trois océans à parcourir : j’ai le temps de voir ! J’ai une pensée pour Kito : c’est vraiment dommage. J’ai été en contact avec le bateau de la Marine Nationale qui est venue faire des images hier et qui m’a donné des nouvelles en direct… »
Alan Roura (La Fabrique) : « La nuit a été un peu compliquée, surtout au début où il y avait pas mal de vent : départ à l’abattée, bateau couché, j’ai bien cru que j’allais faire un tour complet ! Je fais route maintenant avec Éric (Bellion) qui n’est pas très loin. Je me suis cogné le bassin mais ça va mieux. Je suis dans trente nœuds à 120° du vent : ça va vite… Et je vais remettre de la toile. Il fait jour ici et c’est très gris. Le soleil, je l’ai vu hier. En fait, on alterne un jour sur deux : il fait beau, il y a baston, il fait gris… C’est un rythme à prendre. On reste assez groupé à quatre solitaires. Mais c’est quand même fatiguant physiquement et moralement parce que les conditions sont assez dures. Le bateau et le bonhomme vont bien. »
ITV par DBo. / M&M