Le bateau des Coast-Guards néo-zélandais est en route et devrait être aux côtés du Souffle du Nord vers 11h heure française. Il est temps, car la situation s’aggrave et le bateau pique du nez dans la mer. Thomas Ruyant a officiellement déclaré son abandon. Il a bon espoir de réussir in extremis à sauver son bateau.
La mer et le vent sont désormais moins forts pour Thomas Ruyant, sous les côtes Néo-Zélandaises, après une nuit très tendue où à bord de son bateau brisé (suite à un violent choc avec un OFNI, lire nos articles précédents), il a du essuyer des vents supérieurs à 50 nœuds pendant plusieurs heures… et des rafales jusqu’à 58 nœuds ! La bonne nouvelle est que le bateau des Coast Guards néo-zélandais est en route vers lui depuis 8h30 ce mardi matin et devrait être à ses côtés vers 11h, heure française. Thomas Ruyant devrait alors évoluer à un peu moins de 50 milles de l’objectif : le port de Bluff. Sur l'image ci-dessous, sa position à 8h ce matin.
Abandon officiel de Thomas Ruyant
Sur ce navire des Coast Guards, deux marins sont prêts à monter à bord aux côtés de Thomas Ruyant : des locaux expérimentés, dont l’un n’est autre que Stuart McLachlan, bien connu des équipages du tour du monde en équipage, car il était notamment boat-captain de Camper sur la Volvo Ocean Race. Marine Viau, chargée de logistique de l’équipe mer du Souffle du Nord, précise : « Il y a à bord une motopompe, du gasoil et du matériel pour renforcer la structure si nécessaire. Deux marins dont Stuart McLachlan, plusieurs Volvo Ocean Race à son actif, sont prêts à monter à bord du Souffle du Nord si Thomas en ressent le besoin. »
Thomas Ruyant vient d’ailleurs de déclarer officiellement son abandon auprès de la Direction de course. Cela peut paraître dérisoire, ça ne l’est pas en réalité car Thomas Ruyant risquait la disqualification si des marins étaient montés à son bord avant qu’il n’ait accompli cette formalité.
Le bateau pique du nez
D’un point de vue technique, le temps presse. Car si la pointe Sud de la Nouvelle-Zélande protège maintenant du plus gros du vent et de la mer, l’état du bateau s’est aggravé dans la mer très dure. Laurent Bourguès, directeur technique du team Souffle du Nord, explique : « le bateau continue de s’ouvrir. » Thomas Ruyant, lui, a confié au Directeur de course Jacques Caraës - qui reçoit la position du bateau toutes les six minutes et le surveille comme le lait sur le feu - qu’il ne parvenait plus maintenant à étaler l’eau qui pénètre dans le bateau (au moins une des deux pompes est grillée) et avait du se résoudre à fermer les cloisons étanches entre la soute à voiles et l’habitacle. Théoriquement, et s’il ne se disloque pas, le bateau ne peut donc pas couler avec cette cloison fermée. Mais il avance - à 5 nœuds en ce moment - en « piquant du nez », l’arrière du 60 pieds si relevé au-dessus de la mer qu’il a du mal à évacuer l’eau des vagues quand elles arrivent sur le pont. La situation est donc très délicate, « mais nous avons bon espoir qu’ils réussissent à sauver le bateau, une fois qu’ils auront pu utiliser leur pompe », commente Jacques Caraës. La journée va être tendue mais si l’opération réussit, Thomas Ruyant et Le Souffle du Nord Pour le Projet Imagine devraient arriver ce soir dans le port de Bluff.
Bruno Ménard / M&M