04 Janvier 2017 - 07h00 • 11669 vues

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Arnaud Boissières est sorti indemne d’une mauvaise dépression qui a balayé le milieu du Pacifique : un moment de repos, de séchage et de bien-être pour le Sablais qui bataille au sein du « club des cinq ». Le plus grand océan du monde est finalement tout aussi violent que l’Indien…

Arnaud Boissières (La Mie Câline: « Je ne suis pas mécontent parce qu’il y a du soleil et cela fait bien longtemps que je ne l’avais pas vu ! Et aussi parce qu’on a passé cette dépression pacifique qui était assez tonique… Depuis une dizaine d’heures, c’est opération séchage, du bateau, des bottes, des cirés. Loin de tout, mais proche du bonheur ! Dès qu’on a fini une manœuvre, on se réfugie à l’intérieur parce que ça mouille beaucoup, alors un rayon de lumière… Je ne crois pas que je vais bronzer mais pourquoi pas demain parce que le vent va encore faiblir. Le cap Horn ? Il est encore à 2 500 milles, l’équivalent d’une transat. Après ce vent fort de travers, nous avons une dorsale avec de la brise faible à traverser : on y va, lentement mais sûrement. 

Le Pacifique est aussi mouvementé que l’Indien, avec une mer désordonnée, des passages de front assez toniques, un ciel plombé : c’est la troisième fois que je viens ici, mais c’est tout nouveau de cette manière. Surtout qu’on risque de se retrouver bientôt dans la pétole ! Depuis le départ des Sables d’Olonne, on subit la météo, au Pot-au-Noir, dans l’anticyclone de Sainte-Hélène, au cap de Bonne-Espérance avec une grosse dépression, dans l’Indien… Le bateau en est à son quatrième tour du monde : je fais très attention à lui parce qu’au départ du Vendée Globe, nous n’avons pas eu assez de temps pour le préparer au top. Je m’en aperçois au quotidien mais je fais avec. Aujourd’hui, je n’ai pas trop de soucis à part un évent de ballast qui s’est fait arracher la nuit dernière : il faut que je bricole. Mais maintenant, chaque manœuvre me prend deux fois plus de temps parce que je fais très attention à mes chariots de grand-voile quand je prends un ris par exemple.

J’ai toutes mes voiles, même si elles commencent à fatiguer  je mets régulièrement des patchs. C’est super sympa de naviguer avec quatre autres solitaires : Éric (Bellion) exploite de mieux en mieux son bateau, mais je navigue un peu comme Fabrice (Amedeo) en prenant mon temps. On a une jolie bataille entre nous et mine de rien, c’est important quand tu passes des semaines en mer : cela donne du sens à ton tour du monde. C’est une bonne émulation… »

 

ITV par DBo. / M&M