Le skipper de Maître CoQ navigue ce jour dans des conditions propices pour avaler des milles. Jérémie Beyou bien campé en troisième position ne pense cependant pas à l'arrivée, il reste très concentré. Eric Bellion, lui, peine dans la remontée de l'Atlantique Sud, mais profite de chaque instant sur son Imoca CommeUnSeulHomme.
Eric Bellion, CommeUnSeulHomme
« Hier, je me suis pris 30 nœuds de vent que je n’avais pas vu dans les fichiers, aujourd’hui j’ai un peu de pétole. Il y a des moments difficiles où je me demande ce que je fous là et des moments où je profite. Quand je vois ce que j’ai parcouru, je mesure ma chance d’être ici, même comme cette nuit dans la pétole, je n’avais pas envie d’être ailleurs. Pourquoi ce décalage à l’ouest ? En fait, c’est la météo qui a choisi pour moi, à cause des courants je n’ai pas pris le détroit de Le Maire à cause des courants, puis en remontant au nord, je me suis trouvé près de la côte en voulant éviter un anticyclone. »
Pousser loin dans ses retranchements
« Je m’étonne moi-même de mener mon bateau aussi bien et d’aller aussi vite, j’ai l’impression d’être un débutant et de tout réapprendre. Je me dis que j’ai bien mené mon bateau, que j’ai changé de voile quand il le fallait, que je me suis bien alimenté… Je me surprends tout le temps depuis le départ du Vendée Globe, c’est quelque chose qui nous pousse tellement loin dans nos retranchements, cela nous demande d’être présents à ce qu’on fait, dans le concret. A terre, plein de choses nous séparent tout le temps de l’instant présent. Je prends souvent des nouvelles des autres skippers avec lesquels nous nous sommes trouvés vulnérables dans les mers du sud, on a créé des liens très forts. »

Vacation de 10h avec Eric Bellion
Jérémie Beyou, Maître CoQ
« Ça se passe pas mal aujourd’hui, j’essaie de me faufiler entre la dorsale et le talweg, je suis en train de sortir du couloir avec un bon flux de 20 nœuds. Les fichiers, c’est une aide à la décision, mais quand tu ne les as pas tu fais plutôt de l’observation, ça reste du bateau à voile et du vent ! Ça va parce que les limites du chemin sont bien marquées, et je vois quelle est la situation générale, c’est sûr qu’il faut être bien réveillé. Ces derniers jours j’avance plus vite que prévu, le bateau va bien, la mer est moins croisée et là c’est un peu mieux rangé. »
Ne pas trop penser à l’arrivée
« J’évite de penser à l’arrivée parce qu’il me reste encore le golfe de Gascogne à négocier et je ne suis pas très gâté car il n’y aura pas beaucoup de vent, je ne pourrais sans doute pas avancer très vite.
Depuis que je suis dans l’Atlantique Nord, je n’ai pas vu de mammifères marins, mais je fais attention car dans ces zones on peut rencontrer des cétacés, donc j’évite de mettre le foil dans l’eau, de toute façon le bateau avance très bien sans. Je sens que le temps refroidit ce matin, j’ai remis une couche de vêtements polaires."
Rasé ou barbu ?
« Je vous garde la surprise pour l’arrivée, pour l’instant les prévisions c’est dimanche soir, mais c’est difficile à prévoir car cela dépend des conditions de vent dans le Golfe de Gascogne. »

Vacation de 10h avec Jérémie Beyou