08 Décembre 2020 - 11h01 • 12008 vues

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Armel Tripon (L'Occitane en Provence) était à la vacation de 9h30 ce matin. Il revient sur ce qui l'attend ces prochains jours et sur son ressenti après un mois de course en solitaire.

" Je suis seul au milieu de l’océan Indien sous un grand ciel bleu. Je pense que c’est bien de passer au Sud de la dépression parce que j’ai le bateau en capacité de le faire. Les "timings" sont bons donc il faut en profiter. J’ai cravaché cette nuit pour aller vite, là ça va mollir un peu, mais je vais avancer quand même. C’est toujours sympa de mettre de la distance avec les bateaux de derrière et en regagner sur ceux de devant. Ce qui est bien, c’est que je vais réussir à accrocher le front de la dépression devant moi et ainsi pouvoir traverser une partie de l’Indien assez vite. 


Je suis un peu fatigué, j’ai beaucoup manœuvré cette nuit, il y a eu beaucoup de changements de voiles car le vent est très instable, et puis les nuits sont courtes : à 1h30 ou 2h, il fait déjà jour. C’est assez déstabilisant donc il y a peu de sommeil.

Après un mois en mer, je ressens une plénitude avec le bateau et l’environnement. Physiquement et mentalement, je me sens très bien et j’adore passer des journées et des nuits sur ce bateau en course, essayer d’aller le plus vite possible et trouver les meilleures trajectoires. C’est tout un tas de choses qu’on ressent et c’est fort. Cette nuit, je n’avais jamais vu une nuit aussi étoilée. C’était d’une pureté incroyable, il n’y avait pas une once de pollution, les étoiles scintillaient comme jamais, c’était magique. Ce sont des moments de grâce inouïs.

Mon bateau est un bon compagnon de route, je m’entends bien avec lui. Je fais attention car la route est encore longue et je ne le connais pas encore très bien, mais quand les conditions le permettent, je peux tirer dessus et il répond bien. Il est fluide, facile et il ne demande qu’à aller vite donc c’est sympa d’essayer de le comprendre. 


La stratégie est faite, c’est de passer en dessous de cette dépression, d'essayer d’attraper le front et de cavaler devant le front pour rejoindre le cap Leeuwin. Si le scénario reste identique, je devrais rester en avant de ce front en bordure d’anticyclone. C’est une situation assez rêvée, je suis verni ! "

Armel Tripon / L'Occitane en Provence