20 Janvier 2021 - 13h40 • 27100 vues

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Les mésaventures continuent pour la navigatrice Britannique​... Pip Hare (Medallia) a envoyé un message du bord ce mercredi 20 janvier. 

J'ai vécu une expérience unique sur le Vendée Globe. J'ai été piquée dans le dos par une Galère portugaise, autrement appelée Physalie ou Vessie de mer. Ça y ressemble mais ce ne sont pas des méduses. Quoi qu'ils soient, ces petits fléaux sont maléfiques.

C'est à la sortie de la dernière grosse dépression que toutes ces Physalies ont été projetées à bord. Il y avait tellement d'eau sur le bateau quand je frappais les vagues que je ne les ai pas vues à ce moment-là. J'ai seulement remarqué un tas de taches bleues sur le pont dans les jours qui ont suivi. Au même moment, une brûlure à l'arrière de ma nuque est apparue. C'était étrange car c'était soudain et que le col de mon haut étanche ne m'avait pas irrité. J'ai supposé que c'était une réaction au col en caoutchouc et au fait que je n'avais pas lavé mes cheveux depuis des semaines.

Hier, après une journée merveilleusement productive de bricolage au soleil, j'ai mis un peu de crème dessus, je me suis lavé les cheveux et je n'ai plus pensé à rien. Je me suis allongée sur ma pile de voiles pendant un petit moment et quand je me suis levée, j'ai remarqué que j'avais mal au dos. J’ai supposé qu'il s'agissait d'un coup de soleil.

J'ai une très petite équipe à terre qui me soutient dans cette course, mais ils sont vraiment géniaux. Il se trouve que Lou, qui gère le projet à terre pendant que je parcours les océans, est également médecin et a exercé en Australie où ce genre de chose est courante. J'ai pris une photo de la cloque (non sans mal puisqu'elle se trouvait dans mon dos) et je lui ai envoyée. Nous avons ensuite échangé des messages pendant un certain temps en nous demandant ce qui avait bien pu causer la cloque. Pendant ce temps, mon dos est devenu plus rouge et la cloque a grossi. Je me suis demandée quelle carence en vitamines pouvait faire ressortir de telles lésions cutanées et elle m'a demandé au hasard si je n'avais pas été piquée par quelque chose, ce à quoi j'ai répondu : "Par quoi ? il n'y a rien ici".

Lentement, nous avons commencé à comprendre. Il devait y avoir une Physalie sur la voile sur laquelle je m'étais allongée. Il y en a plusieurs dans tout le bateau, dans des sacs de bouts et dans des coins qui ne drainent pas l'eau de mon cockpit. Je ne savais pas qu'elles étaient encore venimeuses quand elles étaient mortes. J'en ai pris une dans la main l'autre jour ! Je sais maintenant j'ai dû me prendre une vague avec l'une d'entre elles sur la tête, et c'est comme ça que j'ai eu cette brûlure à l'arrière du cou. J’ai eu de la chance.

J’essaye de traiter ça convenablement. Je dois me tenir au sec et propre pour éviter que cela ne s'infecte. Histoire d’ajouter un peu de complications supplémentaires à ma course... J'en rigole, malgré la douleur, car je pense que moi seule pourrait réussir à résoudre un tel problème en plus de faire le tour du monde en solitaire. Ce n'était pas un problème que j'avais prévu dans mon plan. Rire est la bonne solution, la seule autre option serait de me recroqueviller en position fœtale et d'espérer que le vent me ramène éventuellement aux Sables d’Olonne.

Pip Hare / Medallia