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Pourquoi la Vendée Arctique est-elle une excellente préparation pour le VG2024 ?

Cette Vendée Arctique, première course qualificative pour le prochain Vendée Globe, marque le début d’un cycle pour l’ensemble des skippers de l’IMOCA. À peine cette dernière achevée, ils ont déjà les yeux rivés sur le Vendée Globe 2024. Dans deux ans, ils seront quarante à prendre le départ de ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. 

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« J'ai appris un milliard de trucs »

Tous les régatiers le disent : pour progresser, il faut faire des milles et encore faire des milles. Pour prendre en main son bateau, il faut naviguer, casser ce qu’il faut casser, réparer… En un mot : apprendre ! Damien Seguin (Groupe APICIL) qui prend en main son nouveau bateau, l’ancien Maître CoQ IV sur lequel Yannick Bestaven a remporté le dernier Vendée Globe, témoigne de la richesse de l’apprentissage sur cette épreuve : "J’ai bien appris sur le bateau, je prends confiance à bord. Je n’ai pas eu de vent aussi fort sur le Vendée Globe. La Vendée Arctique a été engagée. Ce n'était pas non plus de la survie mais c’était quand même impressionnant. C’est bien de vivre ça avec nos bateaux". Même bilan pour Eric Bellion, skipper de l’IMOCA COMMEUNSEULHOMME : "J'ai appris un milliard de trucs, c'est très bon pour la suite". 

« Un coup de vent fondateur »

Pour apprendre, il est indispensable de naviguer dans des conditions variées. Sur ce point, les marins de la Vendée Arctique ont été servis : une première nuit de course très tonique, deux dorsales à traverser et enfin une tempête en approche de l’Islande. Nombreux sont ceux qui avouent n’avoir jamais connu de telles conditions, même des finishers de Vendée Globe, comme Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenêtres) : "Le coup de vent que j’ai pris, je pense que c’est fondateur pour la suite parce que ce n’était vraiment pas évident. Pour préparer un Vendée Globe, il n’y a rien de mieux ! Sur le Vendée Globe en 2017 au Cap Horn, j’avais pris 55 nœuds et j’avais déjà trouvé ça hard. Là, c’était encore une autre dimension". En effet, sur cette course, les marins sont amenés à atteindre des latitudes encore plus extrêmes que sur un Vendée Globe. Sur cette édition, ils ont atteint la latitude de 64° nord, là où le Vendée Globe les mène à 57° sud, au Cap Horn. Des zones du globe où les températures peuvent être glaciales. "Les conditions étaient dantesques. Ça ressemblait aux mers du Sud" dit Arnaud Boissières (La Mie Câline), seul skipper de la flotte à avoir bouclé quatre Vendée Globe. 

La vitesse des changements météo 

L’une des grandes différences avec le Vendée Globe concerne la météo. Christian Dumard, consultant météo pour le Vendée Globe et la Vendée Arctique explique : "les dépressions arrivant de l’ouest et se déplaçant vers l’est, les skippers traversent les phénomènes météo sur une Vendée Arctique, ce qui explique que, pour eux, les conditions changent très vite. Sur un Vendée Globe, dans le Sud, les marins avancent avec les phénomènes, puisqu’ils évoluent eux aussi d’ouest en est. Ainsi, les marins ont le temps de les voir venir, d’adapter leur trajectoire." Louis Burton (Bureau Vallée) témoigne : "sur le Vendée Globe les dépressions sont énormes mais on les voit arriver et se former avant. Alors que là, ça passait, puis 48 heures après ça ne passait plus." Ce qui implique une réactivité sans faille des marins et de la direction de course, à terre. Thomas Ruyant (LinkedOut) abonde : "Sur un Vendée Globe, quand on prend une cartouche, on a des échappatoires. Là, il n'y en avait pas beaucoup, et on avait vraiment des conditions pourries, donc la décision d’arrêter la course était sage." Avec ces conditions changeantes, les marins doivent en permanence adapter leur stratégie, changer de voiles… Sur une Vendée Arctique, ils font trois fois plus de manœuvres sur une journée que sur un Vendée Globe !  

Appréhender la nouveauté

La force de cette Vendée Arctique, c’est aussi d'emmener les skippers dans des zones de navigations nouvelles. Lorsque l’on s’apprête à disputer un tour du monde, il faut savoir appréhender la nouveauté. "Forcément on appréhende, c'est une nouvelle course, un endroit qu'on ne connaît pas, on découvre, on se crée des premières expériences, il en faut." explique Benjamin Dutreux (Guyot Environnement - Water Family). Un élément important, surtout pour les marins qui s’apprêtent à disputer leur premier Vendée Globe. 

Galop d’essai à tous les niveaux

Au-delà de l’aspect purement sportif, la Vendée Arctique, c’est aussi un départ et une arrivée aux Sables d’Olonne, berceau du Vendée Globe. Pour les équipes, les sponsors, c’est une véritable répétition générale, et qui plus est, sous le soleil du mois de juin !

L'analyse de Kevin Escoffier, skipper du nouvel IMOCA PRB, mis à l'eau trop tardivement pour pouvoir participer à la Vendée Arctique : "Je pense que la Vendée Arctique est une super préparation pour le Vendée Globe. Déjà parce que c’est un format différent des autres courses en termes de parcours. Ce format permet de voir des situations météorologiques et stratégiques différentes, c’est un gros plus. Il y a également le fait d’aller dans un coin reculé, qui est l'une des caractéristiques du Vendée Globe. On sait que ça ajoute une pression psychologique, comme dans les mers du sud, quand on est loin de tout. Un Vendée Globe ne se joue pas que sur la vitesse."


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