Sept skippers ont déjà du quitter le Vendée Globe sur abandon. Une désillusion cruelle pour ces marins partis en quête d’aventure et de sensations. Alors maintenant que tout est fini, comment occupent-ils leur temps ?
Il est 12h30. La vacation quotidienne commence au PC Course à Montparnasse. Assis sur un des sièges : Louis Burton. Le skipper de Bureau Vallée a quitté le Vendée Globe il y a dix jours, suite à une collision avec un chalutier. Pour son premier « Everest des Mers », l’aventure a tourné court. Passée la déception des premiers jours, il faut maintenant trouver le temps de s’occuper. Et c’est sans doute le plus dur. « C’est un double sentiment : ne pas être sur l’eau me manque, mais vu que ma course est finie, je n’ai pas spécialement envie de voir l’eau justement. C’est assez paradoxal », confie le benjamin du Vendée. Marin de métier, l’inactivité est aussi un facteur à prendre en compte après un arrêt brutal de la course. Mais encore une fois, le Parisien fait face à la situation, serein : « En fait, il y a beaucoup de choses que je n’avais pas pu régler avant mon départ, faute de temps. J’ai des projets professionnels liés à plein de choses différentes. Avec cet abandon, j’ai le temps de gérer les 10 000 trucs que j’avais laissés de côté. Je suis très occupé ! ».
Certains positivent, d’autres non
Etre coupé dans son élan de la sorte fait figure d’électrochoc. Ce sentiment, on le ressent dans la voix de Gutek. Présent lui aussi à la vacation, le marin polonais semble abattu. Mais il le sait, même si ce n’est pas sur l’eau, la course continue : « J’étais juste à Paris pour quelques heures. Je repars en Pologne dès ce soir (ndlr : lundi soir). Pour l’instant, je ne sais absolument pas ce que je vais faire dans les jours et les semaines à venir. Il faut d’abord que je parle à mon sponsor. Beaucoup de choses vont dépendre de ce qu’il me dira. Les vacances ne sont pas au programme car je vais probablement avoir beaucoup de choses à faire. En effet, pour donner à mon sponsor l’équivalent des trois mois de visibilité qu’il aurait eus si j’avais fini la course, je vais certainement participer à différentes épreuves comme par exemple une tentative de record ou une traversée de l’Atlantique ». Pas le temps de tergiverser donc même si tout le monde ne vit pas son « après-course » de la même manière, à l’image de Samantha Davies. Seule femme de la flotte cette année, la Britannique tente de positiver : « Je vais pouvoir assister aux premiers pas de Ruben, passer Noël avec mes hommes, dormir plus de 30 minutes à la fois dans un lit chaud qui ne bouge pas et même peut-être aller faire du ski cet hiver. Tous les messages que j’ai reçus du monde entier m’ont redonné le sourire, ils m’ont beaucoup, beaucoup aidée ». Une marque d’affection et de respect, qui montre que malgré les apparences, la vie continue.
Même si Denis Horeau, le directeur de course, aime à se répéter que « l’abandon fait partie de l’ADN du Vendée », la réalité est souvent beaucoup plus dure à avaler. Concrètement, ces hommes et femmes d’exception étaient partis pour réaliser leur rêve : faire le tour du monde. Pour ceux qui sont restés au bord du chemin, il faudra attendre au mieux, quatre ans…
Arthur GUYARD