02 Décembre 2012 - 21h01 • 2250 vues

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A 20h01, François Gabart annonçait à son équipe qu’il venait de franchir la longitude de la première porte des glaces. Toujours en tête, il a donc le redoutable privilège d’ouvrir la voie dans l’océan Indien dont la réputation n’est plus à faire. Lancés à ses trousses,  ni Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), qui a franchi la porte à 20h15, ni Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) n’ont l’intention de laisser le jeune homme profiter du paysage.

François Gabart est un garçon étonnant. Après avoir crânement pris la tête du Vendée Globe dès la ligne de départ, il est resté au contact de la tête de flotte pour reprendre l’avantage à l’orée de l’océan Indien. Volontiers pragmatique, il est capable d’assener qu’au bout du compte, océan Indien ou Atlantique Nord, une vague reste une vague et que finalement cela ne change pas grand chose à l’affaire. Dans le même temps, il peut se souvenir avec émotion de son arrêt forcé aux côtés de Michel Desjoyeaux, lors de la dernière Barcelona World Race, quand le tandem avait démâté au large de l’Afrique du Sud, avant d’ajouter, au cas où on ne l’aurait pas compris, que le passé est le passé et que l’essentiel est de construire maintenant une nouvelle histoire. Inutile de dire qu’avec un tel client, les habitués du Vendée Globe vont avoir du fil à retordre.

 

Un autre monde

Pourtant l’entrée dans l’océan Indien n’est jamais neutre. A partir de maintenant, les solitaires vont s’éloigner chaque jour un peu plus de la possibilité rassurante de pouvoir rejoindre, si besoin, une côte ou un abri en cas de pépin. Ils vont se retrouver forcément seuls, avoir des coups de mous qu’ils s’efforceront de camoufler et qu’ils dévoileront uniquement aux membres de leur équipe. A terre, les techniciens savent qu’ils vont parfois jouer les nounous, que leur rythme va être suspendu aux états de grâce ou d’âme de leur skipper. Dans ces conditions, avoir déjà une connaissance du grand Sud peut être un avantage important. Armel Le Cléac’h ne disait pas autre chose quand il expliquait l’autre jour lors du direct avec le PC Course qu’autant pour sa première incursion dans l’océan Indien, il s’était senti obligé de venir sur la pointe des pieds, autant cette fois-ci la donne est différente. C’est Jean Le Cam (SynerCiel) qui disait aussi que pénétrer dans ces océans pour la première fois, c’est comme ouvrir la porte du placard mystérieux qui hante les souvenirs de notre enfance. Une fois qu’on y a pénétré, une grande part de la peur disparaît. Quelle va être la part de l’expérience et de la confiance dans ses capacités à l’heure d’aborder le pays de l’ombre ? Réponse dans quelques jours quand, non seulement les hommes de tête, mais aussi la grande part du peloton se sera jetée dans le grand bain.

 

PFB