07 Décembre 2012 - 17h28 • 2370 vues

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Ça régate dur dans les Quarantièmes où l’on assiste à un étonnant chassé-croisé des leaders vers la porte de sécurité Crozet. Plus loin, une autre bagarre se trame entre Mike Golding, Jean Le Cam et Dominique Wavre. Au petit matin, Synerciel et Mirabaud ont croisé leur sillage à 100 mètres l’un de l’autre. Des images hallucinantes en ce 27ème jour de course….

Armel Le Cléac’h a t-il eu raison de partir en franc tireur s’attaquer au vaste l’anticyclone qui stagne au nord de Crozet ? Dans l’immédiat, son choix parait bien déraisonnable. Pendant 24 heures, Banque Populaire a été fortement ralenti dans les vents mous des hautes pressions. Toute la nuit, son skipper a bataillé pour faire porter les voiles. En l’espace de 36 heures, il a perdu 4 places et 160 milles au classement. Aucun de ses camarades du top 5 n’a souhaité prendre ce risque. François Gabart (Macif), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Alex Thomson (Hugo Boss) et le nouveau leader Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) ont préféré temporiser, rester au sud pour profiter d’un vent frais et continuer à avancer. Seulement voilà, ils doivent désormais s’affranchir de la porte de sécurité Crozet. Autrement dit faire cap au nord-nord-est, à 90 degrés de la route, tout en se rapprochant inexorablement d’un anticyclone qui n’a toujours pas déserté la zone. Aujourd’hui, leur compte est bon. Mais demain ? « Le détour pour aller chercher la porte va nous faire mal » résumait sobrement Bernard Stamm.

Coucher de soleil F.Gabart© François Gabart / MacifArmel, lui, semble avoir passé le plus dur : il glisse gentiment vers le sud-est en direction de la prochaine porte dite d’Amsterdam. Au prix de gros efforts. « Je suis fatigué » avouait à midi le skipper du bateau bleu et blanc. « J’ai manœuvré toute la nuit (…). Je n’ai qu’une envie, mettre à chauffer mon bœuf-carotte et faire une grosse sieste. Les comptes, on les fera dans deux jours ».

Grosses fatigues

Armel n’est pas le seul dans cet état. Contacté pendant le Live de la mi-journée, Jean-Pierre Dick avait la voix tendue. Lui et ses compères ont enchaîné plusieurs empannages ces dernières 24 heures et s’inquiètent de la pertinence de leurs options. Plus loin dans le classement, au sud de l’Afrique du Sud, Bertrand de Broc a connu lui aussi des heures difficiles. Cette nuit, il s’est battu comme un diable pour récupérer son gennaker tombé dans l’eau : « j’ai passé deux heures exténuantes à cause d’une bêtise idiote ». Enfin, dans un message envoyé ce matin, Tanguy De Lamotte (Initiatives-Cœur) confiait avoir sombré dans les bras de Morphée pendant 6 heures d’affilée pour récupérer de sa grosse journée de bricolage.

Sur une course comme le Vendée Globe, il est normal que les marins passent par des phases d’épuisement passagères. A bord de leurs puissants monocoques, ils ne dorment presque jamais quand ils le souhaitent. Question sommeil, ce sont la météo et le bateau qui dictent leur loi. A ce rythme de récupération très irrégulier, s’ajoute aussi le temps passé en mer. Voilà 27 jours que nos treize solitaires bataillent sur les océans. Ils ont dépassé le tiers du temps théorique qu’ils passeront sur l’eau et ont déjà beaucoup donné.

Croisement en mer© Dominique Wavre / Mirabaud
Le Cam et Wavre à vue

Après 27 jours de solitude, la tranche de vie que nous ont contée aujourd’hui Jean Le Cam et Dominique Wavre est d’autant plus incroyable. Au petit matin, par 43 degrés sud, leurs bateaux se sont croisés, à quelques dizaines de mètres. Caméra en main, les deux hommes ont immortalisé cet instant magique. Ils ont aussi passé une bonne demi-heure à se parler en VHF, heureux l’un et l’autre de cette rencontre impromptue…


 

 

 

C.El