14 Décembre 2012 - 17h04 • 2406 vues

Partager

Article

François Gabart et Armel Le Cléac’h poursuivent leur glorieuse échappée sous les côtes australiennes. Ils bénéficient désormais d’une petite journée d’avance sur leurs premiers poursuivants. Impuissants, ces derniers se démènent pour faire au mieux avec ce qu’ils ont…

Deux hommes en cavale
Ce n’est pas à proprement parler un hold-up. Plutôt un solide travail, savamment échafaudé depuis plus d’un mois de course. Pour comprendre l’actuelle domination des deux hommes de tête, il faut même remonter plus loin, depuis la conception, la prise en main, la préparation de leur bateau et à travers les milliers de milles parcourus avant ce tour du monde. Si ce n’est pas un hold up c’est peut-être, tout de même, le casse de cette fin d’année.
Cette nuit vers minuit, François, le petit blond, et Armel, le grand barbu, franchiront la longitude du cap Leeuwin, deuxième des trois grands jalons de cette grande giration planétaire. Leur butin : 340 milles d’avance sur Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), plus de 500 sur Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). Pour l’instant, ils réalisent un périple exemplaire et personne ne s’offusque de les voir filer avec la caisse. Mais relativisons. Nous ne sommes pas tout à fait à la mi-course. Il reste encore plus de deux océans à parcourir, dont le mal nommé Pacifique. 340 milles d’avance, au regard des vitesses moyennes actuelles, c’est un peu moins d’une journée de navigation. Une marge qui peut s’évanouir au moindre contretemps technique. En quelques mots comme en cent : la course n’est pas finie ! Et la cavale de François et Armel ne sera peut-être pas éternelle.

Claudia la fougueuse
Pendant ce temps, chacun se démène avec les conditions de navigation qu’il a. Happé par des vents plus faibles à la lisière d’une bulle anticyclonique, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), tout près de la porte Australie Ouest, est passé de la colère à la résignation : il en profite pour faire le contrôle technique des 10 000 milles. Plus au nord, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss) ont calé leur positionnement sur l’arrivée de Claudia.

De cyclone tropical, Claudia est devenue dépression polaire. Elle n’en demeure pas moins toujours aussi chaude.  Alex et Bernard vont bientôt danser avec elle et ce sera très certainement rock’n roll : des rafales à 45 nœuds, des orages, des grains, une mer désordonnée.

Les poursuivants Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa), devraient eux aussi rencontrer de gros orages, mais ils sont davantage concernés par une autre dépression qui gravite dans leur sud. Pour eux aussi, la nuit sera musclée dans des vents de Nord-ouest atteignant les 40 nœuds.
Dans leur sillage, Dominique Wavre prend son mal en patience. « L’anticyclone est devenu mon compagnon de route depuis 3 jours. L’océan Indien n’a jamais été simple ». Dès demain, Mirabaud pourra enfin s’ébrouer dans une brise plus fraiche.

Derrière, c’est un chapelet de concurrents isolés d’au moins 300 à 400 milles les uns des autres. Mais de Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à Alessandro Di Benedetto (Team Plastique), aucun ne se plaint de cette situation. A chaque jour suffit sa peine, le quotidien est déjà bien rythmé à bord des grands monocoques. Laver ses gamelles est une petite aventure en soi. Faire marcher son bateau et trouver le bon rythme dans l’Indien reste la première des priorités.

 

Camille El Beze