Retrouvez les principales réactions du live de dimanche avec François Gabart, Jean-Pierre Dick, Bertrand de Broc, Jean Le Cam et Gérard Petipas, marqué par la collision de Bernard Stamm avec un OFNI.
François Gabart (FRA, MACIF)
(Sur la remontée de l’Atlantique) On peut rapidement comprendre que c’est plus facile de descendre avec le vent que de remonter avec. Quand on est au près, on est face aux vagues et au vent. Ça penche, c’est compliqué. On navigue un peu contre nature. Le vent est aussi un peu différent. On doit être attentif car les changements de voiles sont assez fréquents et il faut anticiper au maximum.
(Sur la stratégie d’Armel) Je sais quelle route j’ai choisi mais je ne connais pas celle d’Armel. Je pense que nos routes vont converger dans 3-4 jours. Il n’y a pas d’ambigüité dans nos routages, mais les fichiers météo ne sont pas excellents donc il faut prendre pas mal de précautions quant à la précision sur plusieurs jours.
(Sur l’état du bateau) Le bateau va bien, c’est important. J’ai tout fait pour qu’il aille bien et pour ne pas l’abîmer. Du coup, dans l’Atlantique, j’ai un bateau qui est performant, qui va vite. J’espère que ça va durer jusqu’à l’arrivée car dans le Golfe de Gascogne, il vaut mieux avoir un bateau qui est en bon état.
Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)
Les conditions : c’est le calme avant la tempête. Il y a 20 nœuds et des bonnes vagues. Une brume très tenace, on ne voit pas à plus de 200m. On a une dépression qui arrive vers nous. On se pose pas mal de questions sur les stratégies à venir.
(Sur son retour sur le duo de tête) C’est bien d’être revenu. C’est un peu à la force du poignet. Je ne serai peut-être pas devant à l’Equateur mais je veux être le plus près possible. Je veux être environ 12h derrière eux au niveau de l’Equateur. Il faut grignoter doucement et jouer sa carte jusqu’au bout. L’arrivée dans l’Atlantique, c’est comme une nouvelle course pour moi, notamment par rapport au sud.
Ça fait du bien un peu de musique à bord car parfois, c’est vraiment abrutissant, que ce soit le bruit ou le fait de penser à la performance toute la journée. Du coup, ça nous fait un petit moment de détente.
Bertrand de Broc (FRA, Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets)
Tout va bien à bord. Les conditions ont été un peu longuettes pendant 2-3 jours mais désormais le vent revient un peu. Mais ce n’est pas très fort, j’ai 25 nœuds de vent. Je n’avance pas très vite, le vent est trop derrière, du coup, c’est empannage sur empannage.
Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)
En ce moment, le temps est instable. Cette nuit, on a pris 42 nœuds. Une soirée un peu mouvementée, on va dire, et j’ai du empanner. Du coup, il faut rouler le genak, tout préparer, monter le chariot et après il faut rematosser, revirer de bord, c’est prenant. Ça demande beaucoup d’organisation et en plus, je pense qu’il va y avoir pas mal d’empannages jusqu’au cap Horn. Après je me suis rapproché du centre de la dépression, sinon ça aurait été l’horreur.
(Sur ce qu’il désire le plus en ce moment) Là, tout de suite, un petit steak frites avec une sauce roquefort. Mais tout à l’heure, ce que je voulais le plus, c’est dormir, et j’ai pu le faire ! Du coup, je suis un homme comblé. C’était vraiment ce dont j’avais envie. J’ai pu me reposer dans des conditions plutôt calmes.
Mike Golding (GBR, Gamesa):
Les conditions sont très difficiles actuellement, avec en particulier un début de matinée sur les chapeaux de roues. Je n’ai même pas eu le temps de mettre ma veste de quart, le vent s’est mis à souffler à 42 nœuds et le pilote automatique a mis le bateau en vrac. Du coup, je me suis retrouvé sur le pont en sous-vêtements, trempé des pieds à la tête, et le tout par un froid glacial. J’ai connu des réveils plus agréables !
Le nuit n’a pas été simple non plus, j’ai du réparer une fuite de ballast. Ce matin, j’ai pu le remplir et j’avance à nouveau à une vitesse normale. Ce n’était pas évident car la fuite était assez importante et elle a inondé la rigole d’écoulement centrale qui court sur toute la longueur du bateau et donne directement sur la zone où se trouve le moteur. J’ai vraiment dû m’activer car je ne voulais pas avoir de l’eau dans les systèmes électriques. Ça a l’air d’aller, maintenant, mais je vais devoir garder un œil là-dessus.
Franchement, quand on y réfléchit, il existe bien d’autres moyens moins stressants et plus confortables de gagner sa vie ! Et avec un meilleur salaire à la clé, si ça se trouve ! Et pourtant, nous, on a choisi ce métier-là ! Ceci dit, à l’approche du cap Horn, qui est l’un des moments-clés du Vendée Globe pour les skippers, on se rappelle pourquoi on a fait ce choix… C’est un moment-clé mais aussi un moment très stressant. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens beaucoup plus nerveux cette fois-ci que lors de mes précédents passages du cap Horn. Ce ne sont pas les conditions météo qui me gênent, elles ne sont pas si terribles, non, c’est plutôt la glace qui me fait peur. En fait, on a beaucoup trop d’info. Je suis sûr qu’il y avait aussi de la glace dans la zone du cap Horn en 1994 quand j’ai fait le tour du monde en solo contre les courants et les vents dominants. Je suis sûr qu’il y en avait partout mais je restais serein vu que je ne le savais pas !
Tanguy De Lamotte (FRA, Initiatives-coeur):
C’était ma première traversée des mers du sud en solo et je me suis éclaté, vraiment, malgré des moments intenses, difficiles et effrayants. Mais j’ai également bien apprécié les périodes de calme qui ont suivi ces passages compliqués !
Le bateau va bien, et ça c’est une satisfaction. Je devrais atteindre le cap Horn dans 9 jours, ça va arriver vite. C’est un lieu mythique, j’ai vraiment hâte. N’empêche, je pense que les mers du sud vont me manquer.
J’ai 17-18 nœuds de vent et je vais empanner bientôt avant de prendre la direction de la prochaine porte. Et là, en pleine accalmie, je profite d’un bon petit repas, de la viande en sauce préparée par mon oncle. Plutôt sympa, pour fêter un passage de porte!
Regis Rassouli (chef de projet Cheminées Poujoulat) :
On a été en contact avec Bernard cette nuit. Il nous a dit qu’il avait heurté un objet flottant et que l’un de ses hydrogénérateurs était arraché. Il se trouvait environ à 1000 milles du cap Horn à ce moment. On est inquiet car les conditions météo ne sont pas faciles. Le fait de ne plus avoir de communication avec le bateau rend les choses difficiles. Nous à terre, on travaille sur plein d’hypothèses, que ce soit au niveau des abris ou du carburant. On regarde aussi les fichiers météo. Mais aujourd’hui, la sécurité du bateau est engagée.
Gérard Petipas (Vice-président de l’Association Eric Tabarly) :
(Sur Bernard Stamm) Je ne me fais pas trop de souci. Je suis sur que ça va bien se passer pour Bernard. Ce qui est terrible, c’est que Bernard est vraiment marqué. Il a vraiment eu beaucoup de malchance sur le Vendée Globe. Le seul souci pour moi est la météo au niveau de la zone du Horn car quand on est fatigué, cette zone-là n’est pas simple. Physiquement, ça ne doit pas être facile pour lui.