09 Janvier 2013 - 15h28 • 2098 vues

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Retrouvez les principales déclarations d’Armel Le Cléac’h, Tanguy de Lamotte et Dominique Wavre au cours du Live de mercredi avec la présence d’Emmanuel Petit et de Bruno Retailleau, président de la SAEM Vendée, en plateau pour échanger avec les skippers.

Bruno Retailleau

Le temps passe très vite et on s’apprête à recevoir les skippers aux Sables. Le Vendée Globe était annoncé sous les auspices de la crise, on s’attendait à n’avoir peut-être que 12 ou 13 bateaux mais c’était l’édition de tous les records et on est bien parti pour le record de 80 jours, on l’espère.

 

Emmanuel Petit

Je suis la course mais je ne suis pas un expert. Les marins sont un peu les héros des temps modernes, on est aux antipodes du sport business. Il y a un petit côté mystique qui m’attire beaucoup chez les marins.

C’est un esprit de folie, c’est une lutte perpétuelle entre l’Homme et les éléments. C’est presque suicidaire, se retrouver tout seul avec la fatigue en plus. Il faut avoir énormément de courage, je suis admiratif.

 

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

Je suis rasé, c’est ma tenue printemps-été 2013.

Les températures sont bien meilleures depuis deux ou trois jours, on sent qu’on a gagné quelques degrés. Ça grimpe un peu, on enlève les polaires et autres tenues qu’on avait dans les mers du Sud. On est en tenue printemps-été 2013 en short, les lunettes de soleil sont de sortie.

Deux mois de course, ça a été assez intense depuis le départ des Sables, il s’est passé beaucoup de choses, le rythme a été assez soutenu. On a encore un bon bout de chemin devant nous donc on va essayer de continuer comme ça jusqu’à l’arrivée. On va faire le maximum pour être là avant la fin du mois et vous offrir une belle course jusqu’au bout.

 

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-Cœur)

(A propos de son problème de drisse) C’était un moment difficile. Ça a duré quelques heures. Là je mets à peu près quatre fois le temps que ça m’a pris pour ramener la voile à bord à récupérer de mon effort. C’est vraiment une dépense énergétique assez énorme. Ca a été difficile mais j’ai réussi et maintenant je récupère.

En ce qui concerne le bilan, tu m’aurais demandé hier, je t’aurais dit c’est parfait. Maintenant il y a une petite ombre au tableau mais je suis quand même assez content parce que j’arrive à aller à la même vitesse que Bertrand. La petite ombre au tableau est assez relative car je sais que je vais pouvoir réutiliser cette voile. Pour l’instant ça me ralentit un petit peu mais ce n’est vraiment pas trop mal, je suis heureux d’être encore en course dans cet état-là.

J’ai besoin de me battre et d’être à l’arrivée, autant que les autres mais un peu plus pour ces petits enfants. Ces soucis de voile, ce n’est pas grand-chose par rapport à ce que ces enfants doivent subir.

 

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

Je suis carrément content, c’est absolument super. Ça s’est fait pratiquement sans que je le voie. Je viens de le voir il y a cinq minutes mais avant il était complètement couvert par le mauvais temps. Et j’ai eu droit à un vrai cadeau, des dauphins sont venus me visiter juste au moment où je passais le cap. C’était un cadeau fabuleux.

Ça fait partie des grands moments que l’on vit. C’est la 9e fois que je passe ici, c’est toujours extraordinaire. Il y a tout un arrière plan historique. On navigue dans un cimetière à bateaux, les marins qui passaient par là passaient dans des conditions extrêmement difficiles et ça a généré énormément de naufrages. J’ai un respect énorme pour tous les marins qui nous ont précédés ici. Ça fait partie de ce qu’on ressent lorsqu’on passe au large de ce caillou incroyable.

Le niveau de stress est forcément très élevé, vu le boucan, les conditions, la manière dont on est secoué, les risques d’avarie, c’est très important d’arriver à le tempérer et à le gérer. D’autre part, c’est couplé avec le sommeil. Impossible de dormir si t’es trop stressé. Il faut arriver à diminuer son niveau de stress pour avoir des petits moments de sommeil pour récupérer et garder un niveau de lucidité correct. Cet équilibre n’est pas très facile à trouver mais le fait d’y arriver te donne une très grande satisfaction personnelle et permet de repousser un peu ses limites.

 

Mike Golding (GBR, Gamesa):

Je viens de passer le Cap Horn pour la sixième fois et c’est un véritable soulagement d’en avoir fini avec les mers du sud et d’entrer à nouveau dans l’Atlantique. Je pense avoir beaucoup de chance d’être le détenteur de ce record, d’avoir franchi trois fois le cap Horn dans chaque sens. Mais là, tout de suite, ce que je ressens le plus, c’est la fatigue ! J’ai également la chance d’être soutenu par des gens extra, c’est vraiment un privilège.

En compétition, on est obligés de pousser le bateau, de lui demander beaucoup et de lutter contre les conditions météo. Contrairement au football, notre sport repose en grande partie sur la technologie donc il y a un vrai mélange entre les éléments technologiques, tactiques et physiques.

Je suis extrêmement surprise de voir que mon record entre le cap Leeuwin et le cap Horn tient toujours ! Quand on voir la course incroyable de François et d’Armel, je pensais vraiment qu’ils allaient battre ce record. Je suis ravi de garder ma couronne !

 

Javier Sanso (ESP, ACCIONA 100% EcoPowered):

Tout va bien, même si on est tous très fatigués après 60 jours de course, je suis bien content de pouvoir dire que le bateau est en un seul morceau et le moral reste au beau fixe. C’est cool, tout va bien!

J’ai hâte de laisser le cap Horn derrière moi. Comme je n’ai plus de radar à bord, j’ai donc demandé à AKENA Vérandas - qui est juste devant moi – et à CLS de me prêter leurs yeux ! J’ai besoin de savoir s’il y a de la glace devant.

Je vais raser ma barbe après le passage du cap Horn ! Elle est devenue beaucoup trop longue mais c’est plutôt bien d’avoir ce genre de barbe dans les conditions actuelles, ça me tient chaud, particulièrement avec le temps qu’il fait en ce moment. Dès qu’il fera plus doux, je n’en aurai plus besoin.