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Francesca Clapcich, la skipper italo-américaine débordante d'énergie

CES SKIPPERS QUI VISENT LE VG2028 1/5.

Francesca Clapcich continue d’affirmer sa place parmi les marins les plus prometteurs de la classe IMOCA. Sa récente deuxième place aux côtés du co-skipper britannique Will Harris sur la transatlantique en double Café l’Or, entre Le Havre et la Martinique, n’a fait que confirmer ce que beaucoup savaient déjà : l’Italo-Américaine de 37 ans - connue sous le nom de « Frankie » - construit patiemment, mais sûrement, une belle carrière de coureuse au large en solitaire. Cette performance marque également une étape importante dans sa préparation au Vendée Globe 2028, sa première campagne en tant que skipper pour 11th Hour Racing.

Francesca Clapcich
© Marin Le Roux / PolaRYSE

L’ascension de Clapcich a été remarquablement régulière. Elle a disputé les Jeux Olympiques de Londres en 2012 en Laser Radial puis s’est illustrée en 49er FX, remportant les titres mondial et européen au sein d’un équipage qui a dominé la discipline avant de terminer cinquième aux Jeux Oympiques de Rio en 2016. Elle s’est ensuite tournée vers la course au large, en rejoignant Turn the Tide on Plastic de Dee Caffari pour l’édition 2017–2018 de The Ocean Race . Elle a ensuite remporté l’édition 2022–2023 du tour du monde en équipage sous les couleurs de 11th Hour Racing aux côtés du skipper Charlie Enright, et a plus récemment pris la quatrième place de The Ocean Race Europe à bord de Malizia, son IMOCA actuel, alors skippé par Boris Herrmann

Sa participation à la Solitaire du Figaro 2021 fut une étape déterminante dans son parcours, lui permettant de confirmer à la fois son goût et son aptitude pour la compétition en solitaire, au large, au plus haut niveau. 

Aujourd’hui, elle vise le Vendée Globe 2028 avec l’objectif d’y signer une performance à la hauteur de son parcours et du soutien de 11th Hour Racing à bord de l’ancien Malizia. 

Francesca Clapcich
© Marin Le Roux / PolaRYSE

Vendée Globe :

Francesca, comment ta passion pour la voile a-t-elle débuté ? 

Francesca Clapcich
Skipper 11th Hour Racing

Je suis née en Italie, dans une toute petite ville où la voile est pratiquement le sport numéro un. Ma famille avait un voilier, donc j’ai été introduite très tôt à ce milieu et, quelques années plus tard, je suis vraiment tombée amoureuse de ce sport et je n’ai jamais arrêté la compétition depuis. 

Je me souviens de la première fois où mon père m’a mise sur un petit Optimist : j’étais terrifiée. Je n’ai vraiment pas aimé cette première expérience ! Mais ensuite, j’ai appris à naviguer et, petit à petit, mon amour pour ce sport n’a fait que grandir. 

Vendée Globe :

Tu as grandi en régatière sur des dériveurs en rêvant de grandes courses au large en équipage. Pourquoi vouloir faire le Vendée Globe aujourd’hui ? 

Francesca Clapcich
Skipper 11th Hour Racing

C’est quelque chose qui me trotte dans la tête depuis longtemps. Ce n’était pas vraiment un rêve car je ne pensais pas être capable de faire une course pareille en solitaire. Après ma saison en Figaro, j’ai réalisé que j’aimais vraiment le solo, et à l’arrivée de The Ocean Race en 2023, après cette grosse expérience en IMOCA, j’ai compris que j’étais prête à me lancer. Je vois ça davantage comme un défi que comme un rêve et le chemin pour y parvenir compte tout autant pour moi. 

Vendée Globe :

Qu’as-tu appris de tes courses récentes qui influence ta manière d’aborder le Vendée Globe ? 

Francesca Clapcich
Skipper 11th Hour Racing

J’aime vraiment préparer les choses en profondeur pour pouvoir être “détendue” sur la ligne de départ et avoir tout bien en tête. Ce sport comporte déjà énormément d’imprévus, alors j’apprécie que ce qui peut être anticipé le soit, que tout soit clair et posé. Pour moi, l’objectif sur le Vendée Globe, c’est bien sûr de terminer, mais un top 10 me semble atteignable. Je ne pense pas qu’on puisse viser la victoire sans un bateau de dernière génération, et en 2028 il y en aura plusieurs. Mais clairement, je vise un top 10.

Vendée Globe :

Certains skippers du Vendée Globe ont un passé olympique, mais aucun n’a remporté comme toi des titres mondiaux et européens. Qu’est-ce que ce niveau olympique t’apporte dans ta manière d’aborder l’IMOCA ?

Francesca Clapcich
Skipper 11th Hour Racing

Ça apporte énormément. C’est le sens du travail, la rigueur, toutes les heures qu’on y consacre. C’est aussi le travail d’équipe, le respect des adversaires et, en même temps, celui de sa propre équipe. Beaucoup de personnes œuvrent pour que ce projet réussisse. La voile olympique t’inculque des valeurs très fortes. J’en ai fait pendant tant d’années que c’est ancré en moi. Ce n’est pas seulement ce que tu fais sur l’eau : c’est ta façon de gérer ta campagne, ton projet, ton organisation, toujours avec la même exigence et la même énergie. Rien ne t’apporte autant que la voile olympique.

Vendée Globe :

Peux-tu nous parler de ton projet avec 11th Hour Racing ? 

Francesca Clapcich
Skipper 11th Hour Racing

Notre campagne « Believe, Belong, Achieve » vise à favoriser une plus grande inclusion et accessibilité dans la voile. L’objectif est d’inciter davantage de personnes à découvrir et à s’approprier une discipline que j’aime profondément, et que j’espère voir profiter au plus grand nombre. 

Par le passé, je me suis parfois sentie assez isolée en tant que femme dans ce milieu. Ce n’est pas une sensation agréable ni valorisante, et cela m’a fait prendre conscience de l’importance de créer des espaces où chacun se sente vraiment à sa place. Avec notre équipe, nous nous engageons à développer cette démarche et à faire en sorte que personne ne vive ce sentiment de solitude. 

Nous voulons que chacun se sente accueilli tel qu’il est et sache que sa place dans ce sport est légitime. C’est un objectif ambitieux, et certainement pas facile, mais c’est un défi qui me motive. Pour moi, ce projet est une manière significative et nécessaire de faire progresser le sport. 


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