« On est bien loin de l’image parfaite des alizés ! Descendre avec eux, c’est une chose, mais les remonter au près, c’est un enfer. Cette fois, il n’y a aucun répit, et il me reste encore trois ou quatre jours à endurer ces conditions éprouvantes. J’espère que le bateau tiendra bon, mais à chaque impact, le doute s’installe. La mer est impitoyable et chaque vague rappelle combien elle peut être cruelle. Tant qu’on la descend, on minimise sa violence. Mais face à elle, on comprend immédiatement qu’elle broie aussi bien les machines que les nerfs », confie Denis Van Weynbergh. Son témoignage illustre parfaitement l’écart entre l’image idéalisée des alizés et la réalité furieuse que vivent les skippers engagés dans cette remontée vers le nord. Si, lorsqu’ils les poussent dans le bon sens, ces flux réguliers offrent une avancée presque fluide, tout change lorsqu’il faut les affronter de face. Fini les surfs grisants sur des houles bien orientées, place à une lutte acharnée contre une mer chaotique et un vent qui ne fait aucun cadeau. Ici, chaque mille gagné exige un effort incessant, chaque manœuvre devient une bataille contre un bateau secoué de toutes parts. Et puis, il y a l’usure. Celle du matériel, soumis à des chocs répétés qui font trembler la coque et mettent les gréements à rude épreuve. Celle du skipper, dont le corps est mis à mal par le roulis incessant, le fracas des vagues qui explosent contre l’étrave et l’humidité omniprésente qui s’infiltre partout. À bord, ni répit ni confort, juste un marathon où chaque instant puise dans les réserves, une épreuve d’endurance qui ressemble à une tentative désespérée de faire la sieste sur un taureau mécanique réglé en mode aléatoire.
Météo capricieuse et incertitude totale
Pendant que certains bataillent contre une mer chaotique, d’autres doivent aussi composer avec des douleurs persistantes. Jingkun Xu, lui, lutte toujours contre une épaule meurtrie qui rend chaque mouvement plus pénible.