Stéphane, quelles sont les dernières nouvelles de ton bateau ?
"Ca y est, mon bateau est remis à l'eau, enfin ! C'est à la fois une satisfaction et un soulagement de le voir amarré en France après tous les imprévus."
Raconte-nous la réception de ton 60 pieds ?
"Finalement, on reste bien en mode aventure et celle-ci commence d'ailleurs bien avant de le réceptionner au Havre ! Pour que mon bateau puisse naviguer il lui fallait une escorte ; la réception du bateau commence par une organisation rigoureuse de la logistique ! Le projet étant dans un entre-deux, je n’ai plus d’équipe à proprement parler. J’ai dû me retrousser les manches et aller chercher mon camion et mon semi-rigide à Lorient et les acheminer au Havre après avoir assuré l’entretien mécanique. Le chemin vers Le Havre via Paris n’a pas été de tout repos avec de nombreux imprévus à gérer, et in fine des nuits bien courtes."
Comment s'est passée la journée ?
"Le déchargement se passe à peu près bien, on arrive à remettre à l'eau malgré des gros moments de flottement entre deux opérations. On suit les dockers qui contrôlent la remise à l'eau, on a ensuite ramené le bateau à la marina et on s'est plié aux démarches administratives. On a ensuite fait l'ensemble des vérifications du moteur, des batteries, et on a tenté d'enlever un maximum de salissures sur le pont (rouille, suie, graisse,…). On est ensuite repartis dans la nuit pour faire route vers Caen, avec mon semi-rigide en remorque, en sécurité."
Tu as mis le cap vers Caen au moteur pour sortir le bateau de l'eau ?
"Lors de notre départ en convoyage la scène était plutôt cocasse : Antoine le responsable technique assure l’assistance avec le semi-rigide tandis que je fais la manoeuvre seul à bord de mon Imoca, le tout de nuit et avec un brouillard à couper au couteau ! Nous avons eu la chance d’avoir une météo clémente qui nous a permis de naviguer sans mât ni quille en toute sécurité, il y avait force 1 voire 0 et la mer était digne d'un lac. L'ambiance était par contre étrange car il y avait un brouillard épais qui donnait une impression de mission commando !
On est arrivés en fin de nuit à Ouistreham et on s'est mis au ponton d'attente. On a ensuite passé les écluses et effectué la remontée du canal en douceur avec l'ouverture des ponts puis nous nous sommes amarrés au chantier V1D2 vers 10h le lendemain. La mission a ensuite été de décharger tout le bateau qui revenait d'un tour du monde, avec au moins 4 mètres cube de matériel à vider ! Une fois le camion rempli, nous avons préparé le bateau pour un stockage à Caen, le temps de connaitre la suite de son programme."
A ce sujet, où en-tu ?
"Je suis focalisé sur ma recherche de partenaires à plein temps. Lorsqu'on est un marin il faut savoir être sur tous les fronts, mais maintenant que mon bateau est au sec dans un chantier fiable, je vais m'atteler à faire avancer les discussions en cours afin d’être au départ de la Transat Jacques Vabre le 5 novembre prochain. L’objectif final est bien sûr de boucler la boucle lors du Vendée Globe 2020 !"
As-tu une anecdote sur le retour de ton bateau en terre française ?
"S'il fallait en choisir une, ce serait sans nul doute cette scène improbable dans une écluse sous le brouillard où les pêcheurs, habituellement abrupts avec les régatiers, sont descendus de leur bateau et m'ont demandé s'ils pouvaient venir le visiter. C'était un échange entre marins au lever du jour surprenant et enrichissant, encore une fois l'aventure humaine est au coeur de ce Vendée Globe !"