SMA en chantier
Mercredi 22 mars, après plus de deux mois de voyage en cargo depuis Tahiti (via le Pacifique, Panama et l’Europe du Nord), le monocoque SMA a retrouvé ses quartiers chez Mer Agitée. Un chantier de quatre semaines est programmé pour remettre le bateau en ordre de marche : changement du vérin, réparations dans le puits de quille et grand nettoyage de printemps. Mais le dossier principal concerne la mise en place d’un foil tribord qui sera testé par Paul Meilhat et son équipe jusqu’à la mi-juin avant un nouveau chantier d’optimisation pour la Transat Jacques Vabre.
Un foil « hybride » à l’essai
Ce « dossier foil » ne date pas d’hier. Au printemps 2015, l’équipe de SMA, via la société Mer Forte et Michel Desjoyeaux, avait lancé une série d’études ayant débouché sur la construction d’un foil. La solution retenue permet d’utiliser ce foil sans avoir à modifier la structure de SMA *. Cet appendice « hybride » peut donc être inséré dans le puits de dérive existant, grâce à un jeu de cales spécifiques.
Pendant un mois et demi, le bateau sera testé en version « asymétrique » : une dérive côté bâbord, un foil côté tribord, procédé qui permettra de collecter des données dans les deux configurations et de les comparer. « Ce que nous testons, explique Michel Desjoyeaux, c’est une voie intermédiaire. Ce foil ne ressemble pas aux appendices déjà vus sur les bateaux du dernier Vendée Globe. L’implantation de l’élément qui traverse le flanc du monocoque (le shaft) est relativement verticale. Pour schématiser, ce système est un compromis entre dérive et foil : l’effet antidérive reste préservé au près, et l’extrémité courbe du foil (le tip) opère son pouvoir sustentateur au portant. ». Ce foil sera testé à l’entraînement et en course, avant un ultime chantier d’été.
Fin avril, Paul Meilhat va donc reprendre la barre d’un « bateau laboratoire ». Le skipper de SMA qui connaît par cœur son 60 pieds sera au centre du processus de validation. Mais il ne sera pas seul… Paul a choisi le navigateur Gwénolé Gahinet pour l’accompagner sur la Transat Jacques Vabre 2017. Intégré dès à présent dans l’équipe de SMA, « Gwéno » sera associé à l’analyse des performances et au développement technique du bateau.
Paul et « Gwéno » : les retrouvailles
En 2014, Paul Meilhat et Gwénolé Gahinet remportaient ensemble la Transat AG2R LA MONDIALE après 22 jours et 6 heures de course en double à bord d’un Figaro-Bénéteau 2. Depuis cette victoire célébrée à Saint Barthélémy, les deux hommes ont pris de l’épaisseur : une campagne pour le Vendée Globe, cinq transats pour Paul Meilhat ; deux Trophée Jules Vernes en équipage dont un record pulvérisé cet hiver pour Gwénolé (en 40 j et 23 h) sur IDEC SPORT. Les deux marins s’apprécient. Sportivement, ils sont hyper complémentaires : maîtrise du 60 pieds IMOCA pour Paul, connaissance des foils, des multicoques et des hautes vitesses pour Gwénolé. Ensemble, pendant 7 mois, ils vont enchaîner essais, courses en équipage, entraînements et convoyages en double. Ce programme sportif et technique avec SMA sera doublé, pour les deux hommes, de compétitions sur d’autres supports : Diam24 et une partie du Tour de France à la Voile pour Paul. Flying Phantom et The Bridge pour Gwénolé.
Paul Meilhat : « J’ai contacté Gwénolé pendant le Vendée Globe, entre ses deux tentatives pour le Trophée Jules Verne, avant qu’il ne soit appelé par d’autres skippers ! Je garde un super souvenir de notre Transat AG2R. On se connaît bien, on s’apprécie, on est complémentaires, il y a une super bonne dynamique entre nous et c’est très important pour la performance. Je cherchais une personne ayant un profil différent du pur spécialiste de l’IMOCA, une personne disponible pendant les 6 mois en amont de la course et aussi de l’expertise et un regard frais pour faire progresser SMA. En dehors du foil, nous avons tout un programme d’optimisation du bateau. »
* La mise en place de foils sur un 60 pieds Imoca d’ancienne génération implique normalement d’opérer des modifications structurelles (puits de foil, renforcement du mât et du fond de coque) pour pallier l’augmentation du couple de redressement du bateau en dynamique, généré par ces plans porteurs.
Source : SMA