A ceux qui ont déjà expérimenté un ou plusieurs Vendée Globe pour le passé, on aime souvent leur poser la question : qu’est ce qui change dans cette édition ? Qu’est-ce qu’ils trouvent plus facile, ou au contraire, plus engagé ? Cette nuit, Alan Roura (Hublot, 20e) qui cravache comme un dératé pour rattraper son retard sur le groupe à l’Ouest déjà bien établi dans le Pot-au-Noir, était très clair dans sa réponse, lui qui réalise, à 31 ans seulement, son troisième looping planétaire : « c’est le fait de naviguer avec des escales de molle ! T’avances, tu t’arrêtes, t’attends les autres, et tu repars. Mentalement, c’est dur ! »
Depuis le début de l’aventure, on a parfois en effet cette curieuse impression qu’un petit malin a la main sur les interrupteurs, et s’amuse à les déclencher avec un peu trop de velléité ! « Allumé », et voilà la tête de flotte qui s’emballe dans plus de 40 nœuds de vent, cherchant désespérément la pédale de frein pour ne pas jouer les IMOCA bêliers… Le malheureux Sam Goodchild (VULNERABLE, 5e) en a fait les frais, et continue de naviguer sous voile d’avant seulement, privé de sa grand-voile déchirée comme un vulgaire papier. Il n’est pas loin de se faire reprendre par Paul Meilhat (Biotherm, 6e) et Nicolas Lunven (Holcim – PRB, 7e), respectivement lésés par un gréement qui a connu des jours plus cléments, et des aériens arrachés en tête de mât qui ne permettent plus franchement de s’y retrouver. Décidément, dans ce groupe, il y a désormais un petit air de combat de boiteux, pour savoir à qui claudiquera le mieux vers la ligne d’arrivée !