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Toujours plus vite, toujours plus fort !

« La vitesse est la forme d’extase dont la révolution technique à fait cadeau à l’homme », a écrit le romancier Milan Kundera. Les marins du Vendée Globe ne disent pas autre chose. Pour eux, pas besoin d’avoir recours à l’usage de substances comme le LSD, la sauge divinatoire ou n’importe quel autre psychotrope hallucinogène pour être transportés hors du monde sensible. Le fait de cavaler non-stop à plus de 20 nœuds de moyenne leur permet de ressentir des sensations uniques et il semble bien qu’ils y soient devenus complètement accros puisqu’ils augmentent sans cesse les doses. Pour preuve : voilà que Sébastien Simon a franchi la barre symbolique des 600 milles parcourus en 24 heures en solitaire et en monocoque, ce mercredi ! La prochaine étape pour le skipper de Groupe Dubreuil ou l’un de ses cinq compagnons du groupe de tête pourrait être de tutoyer carrément ce même record réalisé en équipage (640,48 milles) mais en attendant, ils sont en train de réussir un autre pari de taille : rallier le cap Frio et le cap de Bonne Espérance sur un seul et même bord !

LE 27 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Prysmian lors de la course à la voile du Vendée Globe le 27 novembre 2024. (Photo du skipper Giancarlo Pedote) Monnoyeur - DUO pour un JOB en vue
LE 27 NOVEMBRE 2024 : Photo envoyée depuis le bateau Prysmian lors de la course à la voile du Vendée Globe le 27 novembre 2024. (Photo du skipper Giancarlo Pedote) Monnoyeur - DUO pour un JOB en vue

« C’est incroyable comme distance, jamais je ne me serais imaginé faire ça ! Et à mon avis ce n’est pas fini ! », a prévenu Sébastien Simon, littéralement sur orbite depuis ce matin. Après avoir déjà amendé la performance de Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) à l’heure du petit déjeuner avec un score de 596,23 milles, le Sablais l’a ensuite régulièrement amélioré pour finir par la porter à 615,33 milles en début d’après-midi, à la moyenne surréaliste de 25,64 nœuds ! Il faut dire que sur sa zone de course, les conditions sont quasi parfaites pour exploiter tout le potentiel de son foiler. « La mer n’est pas trop haute et le vent est relativement raisonnable puisqu’il souffle entre 24 et 26 nœuds avec quelques risées à 27. Je suis sous FRO J3 (voiles d’avant), avec deux ris dans la grand-voile, une configuration relativement « safe » pour le bateau », a précisé le navigateur toujours accompagné par la dépression qui a cueilli le groupe de tête au nord de Rio de Janeiro et qui pourrait de nouveau affoler les compteurs dans les heures qui suivent. Chose que confirme Basile Rochut, consultant météo de la course : « le groupe des six premiers va se maintenir dans un flux bien puissant - 30 nœuds – jusqu’à demain matin. Ils vont donc pouvoir continuer de pousser fort ». Pousser fort, certes, mais sans confondre vitesse et précipitation, selon la formule de La Fontaine.

Tenir la distance

« L’idée, ce n’est pas d’aller claquer des records mais plutôt d’essayer de maintenir une moyenne correcte. En clair : c’est d’essayer d’avoir un bon rythme mais de tenir la distance », a commenté Jérémie Beyou (Charal) qui s’était d’ailleurs fait rappeler à l’ordre aux abords de l’équateur, mais dont le genou est désormais moins gonflé et surtout moins douloureux. « Il faut juste que je ne retombe pas dessus », a temporisé le marin toujours malmené à l’intérieur de son bateau autant qu’il le serait dans une fusée en phase balistique. « On est toujours dans le TGV et c’est plutôt pratique. Le décor est toutefois en train de changer un peu. La dépression se rapproche. Le ciel est grisou et la température de l’eau diminue assez franchement », a noté le Finistérien qui a rajouté quelques épaisseurs la nuit dernière, mais qui ne cache pas sa satisfaction d’avoir réussi, tout comme Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Thomas Ruyant (VULNERABLE), Sébastien Simon, Yoann Richomme et Nicolas Lunven (Holcim – PRB), le formidable pari de rester sur le dos de la même dépression depuis son passage au large du Brésil. Bientôt, deux options vont toutefois se présenter à lui et à ses adversaires le plus proches : faire une route directe dans un étroit couloir de vent tout en composant avec le courant des Aiguilles (courant marin de l’océan Indien transportant de l’eau de long des côtes orientales de l’Afrique Australe) ou plonger vers le sud pour longer la Zone d’Exclusion Arctique (ZEA), ce qui apparaît un poil plus simple sur le papier. « Pour l’instant, j’essaie de rester sur bâbord le plus longtemps possible. C’est le vent qui va un peu décider de ce que l’on va faire. Tout est sujet à l’avancée du front et à la nôtre. Il ne faut pas s’emballer trop longtemps à l’avance sur la stratégie », a indiqué Jérémie Beyou qui devrait par ailleurs franchir le méridien de Greenwich dans la soirée.

La vitesse, nerf de la guerre à tous les étages

Même constat, un peu plus en arrière de la flotte, du côté de Sébastien Marsset, le skipper de Foussier. Ce dernier progresse néanmoins dans des conditions radicalement différentes, tout comme une grande partie du peloton qui évolue en file indienne ou presque, 800 milles au large des côtes brésiliennes, quelque part entre Maceió et Vitória. « On navigue entre un anticyclone, un front et une dorsale qui se gonfle puis se dégonfle. Cela génère du vent très aléatoire. Il faut réussir à avancer le plus vite possible mais comme c’est instable, chacun à ses moments », a expliqué le navigateur à qui les retours en force d’Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Louis Duc (Fives Group – Lantana environnement) ces dernières 24 heures n’ont pas échappé. Et pour cause : le moindre petit décalage pèse parfois lourd dans la balance. Preuve en est avec Isabelle Joschke. La skipper de MACSF qui a été la première du paquet de tête à se faire décrocher par la dépression, va maintenant devoir gérer une phase de transition. Elle va en effet subir l’arrivée de l’anticyclone qui glisse petit à petit sous elle et, dès lors, vivre un net ralentissement pendant 48 heures, ce que ne devrait en principe pas connaître le gros des troupes derrière elle.


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